Le monde imaginaire de Martin

Corinne Boutry et Loren Bes

Éditions Mazurka

Martin aime créer, dessiner, bricoler.

Martin est sensible, doux, contemplateur.

Par conséquent Martin est moqué, déconsidéré, isolé.

Elle est mince la frontière entre réel et imaginaire. Quand son monde inventé se révèle plus accueillant que le réel, la frontière s’épaissit et le chemin du retour s’efface peu à peu. Il faut avouer que ce monde est fascinant, intriguant et si bienveillant. Et puis il y a ce magnifique château qui semble l’attendre. La vie y est si facile : il suffit d’imaginer et tout se crée selon ses désirs. Plus de remous, plus de mesquineries.

Cela aurait pu être parfait mais le monde le plus idéal ne peut l’être sans ceux qui nous aiment. Le cœur de Martin résonne à cet écho du monde réel, faiblement d’abord puis de plus en plus fort. Suffisamment fort pour qu’il se décide à ouvrir la porte entre les deux mondes. Après tout, maintenant il sait qu’il dispose en lui de cette clé précieuse : sa magie créative.

Il est tentant ce monde où l’on se met à l’abri des remarques blessantes. Martin l’incompris fait le dos rond un certain temps. Jusqu’au jour où il trouve que son univers est bien plus rassurant et accueillant que le quotidien. Finis les quolibets, l’exclusion, l’incompréhension. Les autres peuvent être tellement odieux…la tolérance n’est pas une vertu qui coule de source, ça se saurait…

Qui n’a pas rêvé d’un monde meilleur où notre singularité ne serait plus prétexte aux mesquineries, grandes ou petites ? Martin n’a pas eu besoin de suivre le lapin blanc : il a juste ouvert en grand la porte de son imagination !

Le garçon profite timidement, puis avec plus d’assurance de sa création. Jusqu’au jour où il estime que la vie y est meilleure et hop, il coupe pour un temps les ponts avec son quotidien. Ils sont cruels les mots des autres pour que certains aient envie de fuir dans leurs rêves. Il semblerait que les personnalités sensibles et créatives soient de bons réceptacles à méchanceté. Ce qui semble être une bouée devient en réalité une fuite. L’isolement est-il la solution ?

Dans cette fuite, Martin s’apaise. Son monde est à son image. Cependant il reste qu’on n’est pas complètement nous-même si on n’a personne pour nous renvoyer le reflet de qui on est. Car c’est indéniable : on existe à travers le regard des autres. L’humain a besoin d’interactions avec ses pairs, de parler, d’être regardé, estimé, aimé. Ils sont précieux ceux qui voient la lumière en nous et qui apprécient de s’en approcher. Les parents de Martin ont su insuffler suffisamment d’amour dans leurs appels pour ouvrir les yeux de leur fils sur son besoin réel : l’amour de ses parents, l’amitié de ses amis.

Merci Corinne Boutry pour ces mots qui rallument dans l’âme l’étincelle brillante parfois oubliée. Avec les illustrations de Loren Bès, entre paréidolies, ruelles intrigantes et escargots charmants, cet album réchauffe comme une douce soirée au coin de la cheminée.

Quand le petit coup de blues pointe le bout de son nez, j’aime à rejoindre Martin et son monde merveilleux. Il me met en contact avec mon propre monde imaginaire et j’aime ça. J’aime aussi le rejoindre quand la joie est là car la lumière y est encore plus jolie.

Un album pour tous les petits et grands Martin d’un jour, Martin de toujours…

2 commentaires sur « Le monde imaginaire de Martin »

  1. j’aime, j’aime, j’aime ce livre depuis sa découverte sous le grand chapiteau rouge 🙂 et je ne m’en lasse pas. Il est tellement juste. Et les illustraitons je suis fan.
    une véritable petite merveille sur papier. De la poésie

    J’aime

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