Eric Boisset
Editions Plon
Ce week-end j’ai ouvert Le Traité des 7 Lotus, qui trônait sur ma pile à lire depuis quelques mois (non je ne suis pas toujours pressée, il faut que l’envie de lire soit à point). Pratiquant le yoga depuis plusieurs années, un titre pareil ne pouvait que me faire de l’œil. Toutefois il semblerait que ma pratique soit un peu moins risquée que celle qui est décrite dans Le Traité des 7 Lotus, un ouvrage rarissime écrit au début du 20e siècle par un certain Paramahansa Jojoba, grand maître hindou.
Quelle n’est pas la surprise de Timothée lorsqu’il découvre ledit ouvrage dans la vitrine de monsieur Balsamo, son ami libraire. Devant la valeur de l’ouvrage et persuadé qu’il sera vendu en un rien de temps, Timothée en réalise une copie numérique. Oui car les postures décrites dans ce traité permettraient d’acquérir des pouvoirs (rien que ça !). Bien lui en prend (à première vue) car un incendie très localisé détruira le traité dès le lendemain. Jusque-là, tout va bien pour Tim. Ça va un peu se gâter lorsqu’il décide d’étudier concrètement le Traité via la copie numérique qui occupe sa clé USB en forme de fraise (information capitale pour la suite de l’histoire). Car à avoir trop bien réussi la posture Lokutara, qui permet de visiter la doublure du monde, et bien le voilà coincé dans la doublure justement. Enfin son corps éthérique ou son esprit, au choix. Son corps par contre est retrouvé figé en position lotus, avec des pinces à linge qui ornent ses narines et ses oreilles. Le choc pour sa mère qui le retrouve ainsi le matin suivant…Et c’est parti pour l’hôpital où les hypothèses pour expliquer son état sont…cartésiennes, mais à côté de la plaque.
Devant l’absence de conception spirituelle de la médecine, Timothée pourra compter sur Badis son meilleur ami, geek-accro au Red Bull et à tout ce qui se mange ou boit pourvu que ça ne soit pas bio. Ah oui parce que Badis a des aptitudes en médiumnité (information qu’il ignorait jusqu’à la malheureuse aventure de son pote), ce qui lui vaudra quelques monologues en solitaires et quelques regards dubitatifs de son entourage. Les deux amis seront épaulés par Jojoba lui-même, le seul qui sache comment quitter la doublure du monde. Les voilà tous les trois embarqués dans une chasse à la copie numérique de ce fameux Traité. Et elle va leur en faire voir la clé USB en forme de fraise sur laquelle est enregistrée la fameuse copie. De visite de chamane à séance de cinéma clandestine, apprivoisement du don de passe-muraille à prouesses en skate, le rythme ne faiblit pas pour Tim et Badis. Les rebondissements se succèdent jusqu’à la fin où on se surprendra à avoir de l’indulgence pour les vendeurs de hamburgers douteux.
Il y en a de l’amitié dans ce roman, et de l’amitié à la sauce « les contraires s’attirent ». La richesse et les ressources se cultivent merveilleusement dans les différences.
Monde du numérique ou ouvrage papier ? La question est posée…les deux cohabitent dans ce livre.
Qu’en est-il du karma ? De la nécessité de s’inspirer de maître Yoda pour les hommes ? De l’adolescence et des relations entre frère et sœur ?
Mes zygomatiques ont eu un peu de mal à se détendre car l’humour est généreusement présent dans ce roman. Les joutes verbales des ados sont délicieusement incisives.
Roman pour jeune ado. Sûrement, et je pense qu’il peut faire passer un très bon moment aux plus grands, adeptes du yoga ou non !