Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail
Illustrations de couverture par Kim Consigny
L’école des loisirs
collection M+

Deux autrices ont décidé un jour de mettre dans la marmite à histoires les vies de George Sand, Rosa Bonheur, Sara Bernhardt et la finement torturée poésie du XIXe. (ai-je rêvé en y percevant un peu d’Olympe de Gouges ?). En nous livrant une correspondance épistolaire entre l’écrivain Francœur et une de ses jeunes admiratrices, Mesdames Murail nous plongent dans les fondations de destins artistiques exceptionnels. Mais pour en arriver à cet adjectif et à la postérité littéraire que l’on devine dans ces pages, Francœur se replonge dans les souvenirs d’une jeunesse où les dentelles côtoient la boue berrichonne, où les jeunes filles doivent se méfier des messieurs bien habillés et où survivre à la famine et à la tuberculose tient de l’exploit.
Anna Dupin alias Francœur plonge dans ses souvenirs avec nostalgie, âpreté, malice et lucidité. Les clivages sociétaux entre bourgeoisie et ruralité, femmes et hommes, peuple et soldats suintent du Berry à Paris. Le grand H de l’histoire se déroule ; les lettres de Francœur se succèdent. Si certains détails floutent subtilement la frontière entre fiction et réalité, reste la graine artistique qu’on ne saurait brider.
Anna Dupin et ses frères Marceau et Isidore témoignent, pinceaux, crayons, histoires ou poésie en étendard. L’illusion littéraire fonctionne, happant, aimantant et enracinant ma curiosité. Pire encore : la dépendance établie à la lecture de ce roman rendait mes journées longues, en attendant la plongée du soir dans ces pages « à remonter le temps ». Autant vous dire que l’attente du deuxième tome s’annonce interminable… Mais si tel est le cas, c’est que le coup de cœur fut au rendez-vous !

Une bien belle découverte, une envie d’évasion avec Francoeur
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