Nicolas Zouliamis
Seuil jeunesse

J’ai craqué pour cet album de Nicolas Zouliamis. Pour celles et ceux qui suivent ce blog depuis un certain temps, mon attrait pour l’univers Lewis-carrollien n’est plus à démontrer. Avec cette mise en abîme qui accueille (cueille) l’œil du lecteur dès le titre, comment résister ? Michèle est arrivée il y a peu dans cette nouvelle maison. Si la fillette peine à se familiariser avec les lieux, son chat semble en revanche avoir percé les mystères des recoins douillets. Nestor disparaît pendant des heures aussi sa jeune maîtresse décide de ne plus le quitter des yeux. Alors que l’assoupissement guette la fillette, la maison s’anime d’une manière pour le moins curieuse. De la vapeur d’eau émane du plancher et un train-service à thé cliquète et s’entrechoque, avant de repartir dans les entrailles de la maison avec Michèle embarquée dans une tasse pleine à ras-bord !





Nicolas Zouliamis est un facétieux scénariste dont les crayons revisitent l’envers du miroir. Il nous embarque dans un verger sanglotant, puis au creux d’une une gouttière défiant la gravité. Sur le toit, la prise de hauteur précède la terreur de la chute puis le retour sur terre et voici que le voyage reprend entre les racines de l’arbre cette fois.

L’enfant incarne à mes yeux alternativement Alice et Mei (Mon voisin Totoro), tous ces enfants du cinéma et de la littérature dont la perception accrue répond à la curiosité de suivre avec spontanéité les chemins de traverse. Bien sûr, par moment c’est sombre, effrayant et la panique guette. Dans les recoins se dissimulent une cheminée gourmande ou une sorcière chevauchant une cuillère à café et la peur devient une marmelade collante dont Michèle ne peut se dépêtrer… du moins tant qu’elle tente de lui échapper !

Le voyage s’achèvera, le chat réapparaîtra. Les fantômes des lieux préservent la mémoire d’hier, hantant avec bienveillance un présent fait de placards encombrés de services à thé qui ne dorment que de l’œil droit…


Sûrement que les papilles olfactives se trouveront émoustillées au gré des évocations gourmandes qui se succèdent au fil de la fantasque exploration des placards de La maison en thé.
Évidemment que cette histoire réveillera les sens et invitera à regarder autrement les volutes de vapeur qui dessinent d’étranges arabesques juste au-dessus des tasses fumantes.
Probablement que l’imagination se trouvera un brin asticoté avec la temporalité qui se joue de tous le temps d’un éternuement, avant de nous rassembler pour le goûter bien réel… enfin peut-être !


une très belle découverte, merci beaucoup Claire pour cette bulle de poésie
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