Madeline Roth et Pascale Breysse
Kilowatt

Nita le jeune amérindien court les bois, chasse, apprend à vivre avec la nature. Aux heures passées à écouter les aînés, aux kilomètres parcourus en forêt, le garçon ne se lasse pas. Mais de la présence de sa petite sœur, il s’agace voire davantage. Nita la fuit tout en cherchant à comprendre ses émotions. Car c’est compliqué, oh oui, si compliqué de grandir avec tout ça. Comment tracer son chemin quand on perçoit l’abîme d’ambivalence qui niche au creux de soi ?

Madeline Roth raconte le combat intérieur, la dualité des sentiments et leur prise de conscience. Via la sagesse amérindienne avec un conte qui circule depuis longtemps en transmission orale, le loup de « l’amour » et le loup de « la peur » se trouvent tout à coup en lumière. En nous racontant Nita sur son chemin d’initiation, elle offre à tous les enfants (et peut-être même aussi aux grands) ni plus ni moins qu’un petit mode d’emploi de la vie, une mise en métaphore de leurs intimes discussions. Et ce faisant, se pose une question d’importance : est-ce qu’on doit subir nos émotions/loups où a-t-on une marge d’action ?

Car il ne s’agit pas d’en bannir un au loin. Il y a deux loups, il fait faire avec. Que récolterions-nous en en reléguant un dans un tout petit coin ? (alert spoiler, dans Vice-Versa, Riley a bien essayé mais ça n’a pas très bien marché). Fille ou garçon : pas de prédestination. Même combat ou plutôt, mêmes loups à apprivoiser. La vie est un chemin que l’on fait en introspection et en relation.

Pascale Breysse illustre sensiblement, semant des indices, rendant la nuit lumineuse et le jour si fort d’enseignement. Les corps de chair se muent en nature. La vie devient préoccupation partagée. Un cœur qui bat est arbre, racines, temple de vie pour les oiseaux, les troupeaux ou les lièvres sautillants. Le respect du vivant l’emporte et rassemble faune, flore et humains sous la même bannière.
Lutter contre s’affaiblit. Vivre avec gagne en évidence. Les deux loups est un ouvrage riche, aux lectures multiples : je l’attendais je crois…



Il y a deux loups en chacun de nous, ne vous en déplaise. De vous à moi : j’en suis fort aise !
