Philippe Lechermeier et Charlotte Gastaut
Éditions Thierry Magnier

Un jeune homme pauvre + une princesse + le désert + des brigands : il ne fallait pas plus d’ingrédients pour que je tombe sous le charme de cette histoire.
(Comment ça je suis accro aux évasions orientales ?)
Quand l’histoire commence, nous découvrons Jabbar en pleine attente : quand la caravane arrivera-t-elle ? Il a besoin d’acheter un stock d’images pour pouvoir les revendre : c’est ainsi qu’il gagne sa vie. Cette dernière ne lui a pas laissé beaucoup de choix pour choisir un métier. Souffleur de verre, il en a rêvé, c’était il y a longtemps…

La caravane finit par arriver et Jabbar achète un important lot d’images. Une retient en particulier son attention : le portrait d’une belle jeune femme. Elle le marque tant que le pauvre Jabbar passera dans la foulée une nuit tourmentée à rêver de la belle jeune femme de l’image. Qui peut-elle bien être ? Le fournisseur le sait : c’est un portrait de la fille du sultan. Qui dit princesse dit inaccessible, même pas en rêve.


Soit, Jabbar se met en route. Pour vendre ses images il fait la tournée des villages de la montagne. La route est longue et ingrate, brûlante ou glaciale. Au premier village il reçoit bon accueil et les images se vendent bien, à une exception : il refuse de vendre l’image de la princesse. Partout où il passe, même si on lui offre une fortune en échange, sa réponse est ferme : « Elle n’est pas à vendre ».


Un jour, Jabbar arrive dans un village fermé où les habitants sont terrés dans leurs maisons. On lui explique que des brigands terrorisent la région, et qu’il ferait mieux de rebrousser chemin. Alors que l’image de la princesse lui échappe, il apprend que ces mêmes brigands la retiendraient prisonnière. Il se pourrait qu’elle ne soit plus de ce monde.

Partout où il passe, les gens ont peur. Les portes restent fermées. Un soir il remarque une agitation dans la montagne. En s’approchant il découvre ni plus ni moins que le campement des brigands. Les armes et les hommes sont nombreux.
La princesse est là, vivante ! Elle se fait brutaliser par le chef. Jabbar n’a plus qu’un objectif : la délivrer. L’entreprise est ardue, enfin il la rejoint, ils s’enfuient mais un cheval les trahit. La fin semble proche. Sauf que Jabbar a plus d’une image dans son sac.

Le début de la suite sera heureux paraît-il…

Alors cette image : hasard ou prémonition ? L’amour donne des ailes, où à défaut de s’envoler vraiment, permet de se dépasser pour réussir ce qui paraissait impossible. Alors que tout les oppose, la princesse fait fi de l’écart social. Il est certaines qualités qui effacent les différences. Le courage et l’ingéniosité valent plus qu’un statut lié à la naissance. Quand ce qui paraissait impossible se réalise, c’est quand même un sacré permis d’espérer, ne trouvez-vous pas ?

Je dois à Philippe Lechermeier le fait d’avoir passé la lecture de quelques pages en apnée, entre la libération de la princesse et « l’échappée belle » galopante : quel rythme ! L’histoire pourrait se passer d’images tant les mots suffisent à créer des représentations de l’histoire de Jabbar. Toutefois cela serait dommage car Charlotte Gastaut nous transporte dans des illustrations douces, rudes et foisonnantes. Une page pour plusieurs saynètes dans des gravures richement colorées, me rappelant les tableaux de Léon Carré. Le dépaysement est inévitable et personnellement, j’ai plaisir à me laisser envelopper par l’ambiance mauresque qui défile page après page. Les silhouettes noires inspirent la comparaison avec les contes de la nuit (de Michel Ocelot) : décidément je les adore ces chameaux aux chargements bringuebalants !

Et cette galopade : un film je vous je dis !

On a du romantisme, une vie précaire, des rebondissements, des vrais méchants très méchants, un jeune homme dégourdi et une princesse humble. Magie orientale, quand tu me prends par la main…
Eh bien, ce livre est un polar, un thriller, une belle histoire d’amour, de l’espoir, du frisson, un très beau texte, et des illustrations au top. J’aime beaucoup beaucoup. Merci
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