Dorothée Piatek et Marie Desbons
Gecko Jeunesse

Quand les mamies vieillissent, des fois tout se retrouve rangé à l’envers dans leur tête. Ça s’appelle Alzheimer. C’est un nom qui fait peur.

Si on prenait un petit moment pour regarder cette maladie avec des yeux d’enfant ?
Une fillette raconte le nouveau présent de sa grand-mère, avec des idées qui se mélangent, des réponses qui tombent à côté et des préoccupations saugrenues comme d’avoir des papillons dans les cheveux…La fillette pourrait s’en inquiéter ou être effrayée. Que nenni, le regard de l’enfant n’est que bienveillance devant les bizarreries de sa mamie.


Les souvenirs s’égrènent : la petite maison pleine d’amour, les parties de cache-cache, la douceur de grandir. Il y avait la mamie d’avant, il y a la mamie de maintenant. Sont-elles à ce point différentes ? Pour l’enfant, le temps passé ensemble ne fait que consolider l’affection semée il y a des années. Puisque sa grand-mère ne peut plus se souvenir, la petite fille gardera et chérira dans son esprit les moments partagés. A son tour de prendre soin, d’accompagner, de rassurer.

La maladie peut chambouler la vie. Dans le cas d’Alzheimer (ou des démences apparentées), le bouleversement s’accroche surtout à l’entourage, témoin de l’effacement progressif des gens aimés. On peut lutter contre et s’épuiser. Ou bien, à défaut d’accepter, on pourrait accueillir ce qui semble délirant et injuste pour le voir autrement : moins effrayant et presque amusant.

Le présent n’effacera pas les chouettes moments d’avant. Avec une émouvante simplicité, Dorothée Piatek nous prend par la main pour aborder les étapes possibles du troisième âge : le deuil, quitter sa maison pour une institution, la perte d’autonomie, l’esprit qui s’évapore en fantaisie. Le programme n’est certes pas super réjouissant. Toutefois, avec cet album ce n’est pas déprimant. Avec rondeur, habileté et douceur, les illustrations de Marie Desbons sont réconfortantes comme un après-midi passé à regarder des vieilles photographies. Les couleurs sont caressantes comme le parfum d’antan de complicité de l’enfant et sa mamie.



Cette histoire en touchera plus d’un au cœur. Faute de pouvoir réparer les mémoires qui s’envolent, on peut toujours envoyer de l’amour : promis, ça ne s’oublie pas.


(merci Sophie pour ce cadeau d’il y a quelques années déjà, et clin d’oeil à ma Mémé Simone et sa mémoire cerf-volant)






merci pour cette merveille très très émouvante.
J’aimeJ’aime