Annick Combier et Anne Romby
Milan jeunesse

Vous connaissez par cœur la Belle et la Bête ? Que diriez-vous d’en découvrir une variante…inspirée des légendes de Bali… ? Dépaysement garanti…

Le conte nous emmène sur une île à la rencontre d’un jeune prince. Aimé de son peuple, la vie est douce. Un matin, il part chasser. Quand les rayons du soleil éclatent dans l’aube, une libellule apparaît près de lui, belle comme jamais. Fasciné, le prince la suit jusqu’à quitter les rizières. Il s’enfonce dans la jungle jusqu’à arriver au pied du volcan, territoire sacré, interdit. Au moment de toucher enfin la libellule, le prince est puni de son audace : d’humain il devient grenouille. La colère du dieu se fait entendre et toute l’île tremble de voir le volcan se réveiller !
Finalement non. Tout redevient calme. Pourtant quelque-chose cloche : le prince a disparu. Les recherches resteront vaines et le temps passant, cette disparition deviendra légende.

Bien des années plus tard pourtant, il se passa une chose étrange. Une jeune danseuse venue déposer sur la rivière une offrande à la déesse des arts, lui posa la question qui préoccupe l’esprit des jeunes filles : « Rivière, belle rivière, en ce jour de fête donne-moi de découvrir le visage de celui qui sera mon prince… ». La réponse ne se fait point attendre. Dans le reflet de l’onde, le prince apparaît. Stupéfaite, la danseuse fait le lien entre la grenouille gracieuse qui l’observe sur la berge et le reflet dans l’eau. La légende était vraie. Dès lors, la jeune fille ne connaît plus le repos. Seul le tourment l’accompagne de ne pas savoir comment venir en aide au prince. Son entourage, inquiet, l’emmène prendre conseil auprès du vieux sage. Avec lui, elle trouvera les clés spirituelles et magiques qui la guideront jusqu’à son prince. Elle le délivrera, le volcan grondera encore une fois et pour fêter l’amour vainqueur, l’île dansera !




C’est un conte de mystères et de frissons que nous transmet Annick Combier. Le voyage dans la tradition balinaise est captivant, ensorcelant. La transe est initiée par les mots, guides bienveillants de l’imagination. Ainsi j’ai passé ma lecture dans les branches d’un banian, avec une brise tiède qui portait à mes oreilles le frémissement de la jungle et la musique du gamelan. Côté images c’est totalement, incroyablement magnifique. Anne Romby nous transporte dans la nuit mystérieuse, intrigante avec des illustrations d’une beauté renversante. Je contemple avec fascination les danseurs, leurs costumes et leurs mouvements gracieux : pour un peu je croirais voir les étoffes onduler !
L’histoire de l’humain transformé en animal nous envoie le message subliminal des apparences sur lesquelles il convient de ne pas s’arrêter. Preuve en est que la grenouille, pour toute insignifiante qu’elle soit à nos yeux, cache en réalité un prince. Et la modeste danseuse dispose d’une lucidité à toute épreuve : le courage peut prendre bien des formes : il n’est pas toujours besoin de cheval, d’épée et de chevalier.

J’aime quand un conte m’explique l’origine des choses : ici c’est une danse qui trouve son origine. La mythologie, omniprésente, nous rappelle que les hommes ne sont rien face aux colères divines. L’humain est petit et il porte l’espoir en lui. Avec cette nouvelle version de la Belle et la Bête, le caractère universel des contes est dévoilé. A chacun de suivre le chemin initiatique…ou pas !

La puissance des mots pour expliquer les maux trouve en moi un écho. Et vous qu’entendez-vous ?

magnifique. Une très très belle découverte.
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