Chapiteau

Jean-Léonard de Meuron et Véronique Peccoud

Éditions Courtes et Longues

Mon livre a eu une vie, c’est pourquoi il est rafistolé !

Quel est le personnage emblématique du cirque ? Le Clown sans aucun doute.

Qui dit clown dit drôleries, pitreries et….nez rouge of course ! Sauf que dans ce cirque, le clown se réveille un matin sans son nez rouge. Son fils nous raconte comment soudainement tout le monde s’agite : où peut-il être ? Mais impossible de le retrouver. Le spectacle commence, le clown s’approche de la piste sans son nez et, c’est un bide.

Qu’y a-t-il de pire pour un clown que de ne pas faire rire le public ? Impossible de poursuivre sans son nez : le clown décide de partir pour le « retrouver ».

Voilà le cirque orphelin de son clown. Bien que chacun s’essaye à le remplacer, personne n’y parvient. Le désespoir envahit le moral des artistes. Hommes et animaux pleurent : Alice et ses larmes inondantes ont de la concurrence. Le cirque est débordant de spleen. L’hiver arrive et entre les bottes et les patins, rien n’y fait : sans clown le cirque ne semble plus bon à rien. Trop de larmes, trop d’eau : le cirque est submergé et le naufrage guette. Où est-il le clown ? Quand rentre-t-il ?

Il l’a cherché aux quatre coins du monde son nez rouge, en vain. Son dernier courrier annonce à sa famille une terrible nouvelle : il ne rentrera pas. Choqués, atterrés, les circassiens veulent tout arrêter. Le chagrin est tel que le bébé de la troupe est oublié dehors.

Si la vérité sort de la bouche des enfants, peut-être que l’espoir vient de ce qu’ils peuvent voir. Le rire de Bébé résonne soudain dans le silence. Avec ses yeux d’enfant, il a reconnu dans le soleil rougeoyant le nez de son père, ce nez de clown qui leur a tant manqué. Son rire est contagieux et bientôt, tout le monde est contaminé. Le moral ayant un peu remonté, un dernier spectacle sera donné : c’est un triomphe ! (il se murmure que depuis le ciel, le papa-clown veille…).

Il y a plusieurs phases quand on se découvre atteint d’une maladie grave : la stupeur, le départ en soins, et parfois la triste réalité qu’on ne reviendra pas. Pour les proches, il y a l’angoisse, puis le deuil : deux phases terribles pendant lesquelles la vie semble perdre toute saveur et toute couleur. Pour ne pas couler on peut trouver des parades : mettre des bottes, des patins, monter dans un bateau : quelle sera la prochaine étape avant de sombrer ? Comment retrouver un peu d’apaisement ? Pleurer sa douleur de perdre un être aimé, cela a un temps mais ne peut durer éternellement.

Le rire de bébé c’est la bouffée d’espoir, c’est la vie qui s’impose.

Le rire de bébé c’est l’étincelle qu’on a tous en soi qui soudain se remet à briller.

Le rire de Bébé c’est l’instant présent, la vie telle qu’elle est maintenant.

Le rire de Bébé c’est voir la lumière à travers les nuages.

Le cirque campe la vie dans ce qu’elle peut offrir de plus chaleureux : la famille, les amis, les projets. Il y a aussi les épreuves, les drames. Dans ce microcosme, on voit comme la perte d’un repère peut mettre tout le monde à la dérive. Il est donc bien question d’adaptation. Puisque les choses changent, il paraît nécessaire de ne pas rester focaliser sur le passé. La vie peut se réinventer !

J’applaudis Jean-Léonard de Meuron, Véronique Peccoud et les Editions Courtes et Longues pour ce spectacle. (ça tombe drôlement bien pour un album qui s’intitule Chapiteau !) Entre les volets, les flaps, les animations et les pop-ups, on en prend plein les yeux et on s’amuse à chaque page.

De quoi inviter à exercer son regard d’enfant sur le monde…

…et se rappeler que ceux qu’on aime ne sont jamais très loin.

3 commentaires sur « Chapiteau »

  1. encore plein d’émotions dans ce livre. Merci pour cette belle découverte ainsi que la vidéo avec l’auteur et l’illustratrice.

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