Vole, Albert, Vole !

Yih-Fen Chou, Chin-Lun Huong

Traduit par Olivier Lebleu

Tuttistori éditions

C’est l’histoire d’un albatros qui n’arrive pas à voler.

Et un albatros qui ne vole pas, c’est balo…

Pourtant Albert s’entraîne. Il y met tout son cœur.

Rien à faire : ça ne marche pas.

Heureusement il y a Simon, son ami mouette qui lui dépose de quoi manger, à lui la risée de l’île. Parce qu’un oiseau qui ne vole pas, qui tangue et qui va cahin-caha sur ses pieds palmés, c’est la honte quoi !

Ceux qui ne se moquent pas compatissent, évoquent sans détour le tragique de la situation. Albert est consterné, et de s’auto mutilé…en vain. Et de sautiller pour tomber plus lourdement encore. Il s’entraîne avec la force du désespéré. Simon y va de ses encouragements jusqu’à ce que la tempête se lève et l’oblige à se mettre à l’abri. Dans la panique Albert veut suivre son ami mais le vent en décide autrement et le voilà propulsé dans le vide, à la merci des rafales tourbillonnantes !

Avec Albert on touche du doigt l’abîme de détresse qui enveloppe celui qui échoue. Le vide est autour, le vide est dedans. Pour oublier, il retourne son bec contre lui : quelques plumes, qu’est-ce que c’est, quelques plumes dans le vent pour exorciser sa douleur.

Ce qui me touche particulièrement dans cet album, c’est l’amitié façon envers et contre tout. La petite mouette prend sous son aile le roi des oiseaux. Il l’encourage, il reste présent. Il a vu lui, le potentiel de son ami. Il ne doute pas. Il sait de quoi Albert sera capable avec ses ailes majestueuses.

Les illustrations de Chin-Lun Huong sont stupéfiantes : je les trouve sublimement sensorielles. La rudesse du sol sur lequel Albert s’écroule trouve son pendant dans l’espace sans limite du ciel qui se déroule au-delà de l’île. La masse rocheuse compose avec les assauts des vagues et du vent et quand souffle la tempête, les doubles-pages paysages suscitent immersion, souffle retenu et fascination. Voir le monde avec les yeux d’Albert, c’est admettre que c’est tellement plus beau vu de haut.

C’est au cœur de la panique, quand tout bascule, quand tout semble perdu, qu’enfin Albert comprend. Il découvre que la solution n’est plus l’agitation. Du mouvement désordonné viendra la ressource. Il pourra en profiter, Albert le magnifique, de ses ailes superbement déployées !

Il aurait pu rester planter ainsi, l’albatros. Le destin météo aura décidé pour lui. Probablement parce que la vie c’est aussi de se retrouver pris dans des tumultes qu’on n’a pas vu venir, qui nous surprennent, qui nous font basculer dans un je-ne-sais-quoi terrifiant. Si on y réfléchit quelques secondes : qu’est-ce qui est le plus flippant : se lancer ou rester sur place ?

Merci Tuttistori ! « Vole, Albert, Vole ! » est un album qui distille des petites graines de confiance en soi (et qui donne furieusement envie d’aller se promener au bord de l’océan) à tous ceux qui hésiteraient encore à se lancer !

 Un livre à mettre entre toutes les mains !

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