Amani faiseur de pluie

Ghislaine Roman et Anne Romby

Milan jeunesse

Envie d’une fenêtre sur ailleurs…

Amani est un jeune Touareg. Depuis qu’il est petit il voit son père et son oncle partir avec la caravane sur la route du sel. Sans lui. Trop jeune. Il attendra leur retour avec sa mère, près de la ville, où ils vivent depuis plusieurs mois. Tous les jours il surveille les chèvres. Or ce soir il en manque une dans l’enclos. Catastrophe !

Il faut la retrouver. Amani part à sa recherche. Il arrive devant Moussa, l’ancien forgeron devenu aveugle. Le vieil homme perçoit la détresse d’Amani : l’enfant se confie. Moussa l’écoute, puis lui explique où se rendre pour retrouver sa chèvre. Demain il lui faudra partir vers le puis de la Girafe. Amani rentre prendre un peu de repos. Sous la tente sa mère fait chanter l’imzad. Amani s’endort.

Le lendemain, Amani se met en route. Rapidement il croit avoir retrouvé sa chèvre mais la désillusion guette : point de chèvre sur le chemin, mais une gazelle.

La leçon est amère. La journée est trop avancée pour rebrousser chemin. Il faudra dormir dans le désert et rationner l’eau car le puits de la Girafe est à sec. Un peu d’eau pour son âne, il ne faudrait pas malmener son seul compagnon. La nuit tombe et la vie nocturne s’éveille. C’est sa première nuit dans le désert.

Quand le soleil se lève, Amani est saisi d’une curieuse émotion. Il se remet en route. Un moula-moula apparaît et se pose sur l’âne. C’est un bon présage. Quand soudain l’oiseau s’envole vers les montagnes. Bien prend Amani de le suivre car une tempête du désert se lève. Entre les parois de la montagne, un passage se distingue. Amani s’y engage et retrouve son âne et l’oiseau dans une clairière de pierre : un oued asséché. Il va falloir passer encore une nuit loin du campement. Le moula-moula veille.

A son réveil, il découvre sur la roche de curieux dessins. Un en particulier retient son attention : un homme joue de la flûte en dessous de ce qu’il lui semble être de la pluie. Amani décide de gagner le sommet des roches pour jouer de la petite flûte qu’il a avec lui. Si la musique pouvait faire tomber la pluie, ça serait fantastique.

Amani joue.

La musique se diffuse et son pouvoir apaisant se répand.  

La descente sera ardue mais une surprise de taille l’attend en bas : son père.

La caravane a fait halte non loin d’ici. Amani rejoint les hommes. Il va pouvoir reprendre quelques forces avant de tout raconter. Point de moqueries devant son récit, mais une confidence collective qui va surprendre l’enfant : tous les hommes ont essayé un jour de faire tomber la pluie après avoir découvert le dessin. Tous ont essayé d’être des faiseurs de pluie.

 Le lendemain matin c’est la pluie qui réveille Amani.

Ce livre est un voyage. Point besoin de billet d’avion, il suffit d’ouvrir l’ouvrage pour se laisser happer par les remarquables illustrations d’Anne Romby. Il y a tant de grâce dans ses dessins que j’ai l’impression de sentir la chaleur du désert sur mon visage, la sensation de la corde effilochée de l’âne sur mes doigts, la rugosité de la roche, la fraîcheur de la pluie…Images intemporelles pour rendre hommage à la relation entre les Touaregs et le désert. Merci Ghislaine Roman de nous embarquer entre musique et silence dans cet Orient brut, rude, magnifique, authentique !

La question de l’eau est primordiale pour les peuples africains, et encore plus pour ceux qui sont semi-nomades, comme les Touaregs. La sécheresse pour eux n’a rien à voir avec celle que nous découvrons depuis quelques années. Quand on manque d’eau, chaque goutte est précieuse car elle conditionne les chances de survie. Pas d’eau, pas de vie. Plus d’eau, risque pour la vie. On développe un grand respect pour cet élément quand on côtoie des environnements où elle ne sort pas d’un robinet. On comprend qu’elle n’est pas une ressource infinie et que la pluie peut être une aubaine.

On suit Amani a travers un vrai parcours initiatique. L’enfant éprouve les dangers du désert, dangers dont son père voulait le préserver. Le désert ne s’improvise pas. Le désert s’apprivoise tout comme la vie s’apprivoise. Face au vent du désert, on est peu de chose. L’expérience fait l’homme. La théorie devient pratique. De la leçon découle des conclusions. Amani expérimente ses capacités, ses émotions et sa capacité à décider : dans sa vie il y aura l’avant et l’après. A-t-il réussi à faire tomber la pluie ? Peut-être que oui…et peut-être l’enfant a-t-il pris confiance en lui…

S’il y a une large part faite au parcours initiatique, il y a aussi l’aspect transmission qui est présent. Amani joue la musique de sa mère. Amani admire son père et veut marcher avec lui. L’enfant s’éloigne de la tente rassurante de sa mère pour rejoindre, sans le savoir, son père. Au milieu des hommes, il apprend que tous avaient joué pour la pluie avant lui. Magie de la filiation de la double-famille : Amani trouve sa place dans la caravane et auprès de son père.

Amani chemine seul. Mais le moula-moula veille. La spiritualité permet à l’enfant d’interpréter positivement la présence de l’oiseau. Quand l’environnement est rude, il convient de vivre dans le respect des compagnons. Je suis touchée par la délicatesse qui ressort de la relation homme-animal : Amani partage son eau avec son âne, Sélim accueille l’animal avec « une certaine tendresse ». La conclusion de l’histoire reviendra à la chèvre par qui tout a commencé.

2 commentaires sur « Amani faiseur de pluie »

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