La vieille dame qui rapetissait

Raphaël Baud

Éditions Chocolat jeunesse

En voilà un titre.

Qu’est-ce qui lui arrive à la vieille dame : est-elle malade ?

Le médecin constate le phénomène. C’est une fatalité, Madame rapetissera, il ne lui reste plus que trois jours.

Voilà.

Fin de la consultation.

Fin…Fin .. ???

Alors c’est tout et ça finira comme ça ? Que va devenir Gorgonzola, le compagnon félin de tous les jours ? Le plus gros tourment de la vieille dame c’est ce qu’il adviendra de son chat. Il lui faut agir vite : elle rétrécie à vue d’œil.

Il faut qu’elle le confie à sa sœur. Ni une ni deux, Madame attrape Gorgonzola : direction la gare. Le train l’emmènera-t-elle jusque chez sa sœur ? Que nenni, dans les trains les chats sont interdits. Un guichetier blasé la dirige vers un car, sans dire avec certitude s’il l’emmènera à destination. Il faut faire vite, les centimètres continuent de s’envoler. C’est une véritable course contre la montre. Enfin Gorgonzola et sa maîtresse se mettent en route mais le voyage s’arrête à dix kilomètres de l’endroit souhaité. Plus d’autre choix, il faut poursuivre à pied. Pauvre dame qui fait maintenant la taille de son chat : plus elle marche, plus elle rapetisse. Ils vont devoir passer la nuit blottis l’un contre l’autre.

Le lendemain matin, après un temps de négociation pour ne pas finir croquée, la vieille dame et Gorgonzola reprennent leur chemin. Quand ils arrivent, l’heure est au soulagement : Mission accomplie. Madame se prépare à disparaître l’esprit en paix puisque le chat est confié à des mains bienveillantes. C’est face à la mer que la vieille dame passe sa dernière soirée. Dernière ?

Moi qui suis une chat-addict, je ne pouvais que fondre pour une histoire où une dame fait tout pour que son chat soit bien après sa disparition. Aucune plainte, aucun larmoiement concernant sa situation à elle. L’important c’est que Gorgonzola soit bien. On comprend bien l’amour qui est placé dans l’animal de compagnie. La notion de responsabilité y apparaît de manière éclatante : le chat dépend entièrement de son maître. Comment imaginer l’abandonner à son sort ? Cette pensée intolérable motive le départ. Avec tendresse, les rôles s’inversent en cours de route et c’est Gorgonzola qui mènera la vieille dame à destination.

On ne passera pas à côté de l’humour un tantinet caustique de l’album. Habiter rue du Progrès et se retrouver prise dans un pseudo-syndrome de « rapetissage » contre lequel la médecine ne peut rien, c’est drôlement pas de chance. Tous ceux auxquels elle s’adresse semblent détachés de tout : le médecin, le type au guichet de la gare, le chauffeur du car. Où est passée l’empathie ?

Était-ce une fatalité cette mystérieuse affection rapetissante ? L’histoire commence dans une grande ville et nous conduit au bord de la mer, là où fleurissent les roses trémières. L’air doit y être magique puisque c’est là que la dame cesse de rétrécir…Faut-il attendre le moment où le corps diminue pour en profiter ? Par ailleurs la vie s’accompagne d’un bagage de surprises, comme cette fin qui n’en est pas une. Le médecin se serait-il trompé dans son pronostic…oh oh…hé bien tant mieux !

Outre l’admirable respect de la dame envers son chat, cette histoire encourage à profiter de la vie avant d’avoir la vision du néant dans la lorgnette. La vie c’est ici et maintenant, et ce n’est pas plus tard qu’il sera temps d’en profiter. Qui sait ce qui nous attend ? On pense avoir le temps et soudain les choses se dérèglent quand on comprend qu’on n’en a plus tant que ça. Les minutes passent trop vite et tout semble moins rapide. Diantre que de paradoxes !

Merci Raphaël Baud pour cette histoire où l’on vogue entre tragique et fantastique. La tendresse du chat qui enveloppe sa maîtresse en dit long sur la réciprocité de l’affection. C’est le moment d’être en accord avec notre présent, de caresser un chat (ou un chien, un cheval, un furet, un doudou, un hérisson…juste attention aux piquants), de prévoir une belle promenade au bord de la mer, un moment avec nos proches…et un tour en bateau : oh oui quelle bonne idée !

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