Le glacier qui refusait de fondre

Hélène Gloria et Célina Guiné

La marmite à mots

Une couverture blanche et bleutée qui invite au toucher…pour ma main qui glisse lentement sur tant de douceur, entre respect et curiosité je réponds à l’invitation de l’histoire qui attend.

Un paradoxe est annoncé dès le titre qui réunit « refusait » à « fondre ». Il refuse le glacier, il refuse simplement de disparaître. Car là est la fatale subtilité : pour un glacier, fondre revient à mourir. Hélène Gloria plante le décor dès le début : dans cet album il sera question de résistance.

La fillette, la femme, la mère nous raconte le glacier, les générations d’hommes qui ont cohabités avec lui entre respect et conscience de leur interdépendance. La force tranquille des glaciers est cependant menacée. Quelque-chose a changé, et ce plic-ploc bien innocent annonce en réalité un vrai danger.

Enfant, elle venait voir les glaciers avec son grand-père. Aujourd’hui alors qu’elle s’apprête à donner la vie, elle se rend régulièrement au pied de ces montagnes de glace. Elle entend des larmes, elle observe des ruisseaux nés de la fonte des glaces. Petite humaine impuissante, elle constate le recul des géants. Au village les gens sont partagés entre inquiétude et déni.

Consciente du drame qui sera si la fonte ne s’arrête pas, bien que l’hiver progresse elle retourne les voir et découvre quelque-chose d’inattendu.

Apparition ? Hallucination ?

Que nenni, il y a bel et bien une nouvelle avancée de glace qui tente de faire sa place. L’hiver interdit désormais toute excursion et la future maman de placer bien des espoirs en ce jeune glacier. Ce dernier entre en résistance : il s’accroche, s’ancre, progresse, ne cède aucun pouce de terrain et se faisant, il aide les autres géants de glace à en faire autant.

Au cœur de l’hiver l’enfant naîtra et avec sa mère il ira faire connaissance avec les glaciers. Nouvelle génération, de glace ou de sang : leur destin sont intrinsèquement liés. Cet album interpelle, éveille ou réveille le lecteur dans une perspective écologique qui fait froid dans le dos. Ainsi, le réchauffement climatique pourrait conduire à la disparition définitive des glaciers…mettant ainsi en danger ceux qui depuis des générations ont construit leur vie auprès d’eux. Processus inexorable ?

Quelques petits degrés pour un grand péril en réalité. Devant la hausse des températures, le glacier devient colosse au pied d’argile. A la fin de l’album, une double page didactique nous en apprend davantage sur le rôle prépondérant des glaciers dans l’équilibre de notre planète.

Célina Guiné donne vie et âme aux mots d’Hélène Gloria. Invitation aux paréidolies hivernales, la représentation personnifiée des glaciers est saisissante, fascinante.  Leur majesté et leur absolue vulnérabilité contrastent avec la modeste taille de la narratrice. Là se découvre le cœur du problème : que peuvent quelques hommes face à la détresse de l’environnement ?

Les plus petits actes ont déjà leur importance. Le premier pas vers l’écologie ne commence-t-il pas par le fait de prendre conscience ? Ainsi Hélène Gloria nous prend par la main. Avec poésie et engagement, elle nous donne à voir une désolante réalité. Elle nous montre aussi l’espoir de lendemains différents, à condition que Nature et Humains unissent leurs forces et efforts.

Ainsi, semble-t-il, il n’est pas encore trop tard !

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