
Bernard Villiot et Tristan Gion
Gautier Languereau
(« L’enfant qui sait se pencher sur l’animal souffrant saura un jour tendre la main à son frère ». Albert Schweitzer)
L’hiver rime avec flocons. Dans ma contrée de l’Est de la France c’est souvent le cas.

L’album s’ouvre sur une clairière paisible. Dans le cocon de silence qui suit le lever du jour, les rayons du soleil illuminent le paysage hivernal et ses promesses. Dans la maison, Myra-Belle trépigne de rejoindre l’extérieur. Elle a un grand projet auquel consacrer sa journée. Sous le ciel pastel, Myra-Belle rassemble, sculpte, retouche, peaufine. Sous ses doigts, peu à peu, Monsieur Snow, le cheval de neige apparaît !


La fillette rêve d’un vrai cheval. Chaque jour elle espère une réponse positive de ses parents quand elle leur parle de l’animal tant souhaité. Pour l’heure il faut songer à se reposer. La nuit ouvre la porte des possibles et au pays du sommeil, Myra-Belle rêve que Monsieur Snow s’éveille.

Elle est parfois mince la frontière entre rêve et réel. Le lendemain matin la fillette découvre des traces de sabots autour de Monsieur Snow. Intriguée, elle attend la tombée de la nuit pour observer par la fenêtre et peut-être, obtenir une réponse. Elle n’aura pas trop à patienter. Au clair de lune, Monsieur Snow de se lever, s’ébrouer et de rejoindre le sous-bois au grand galop. Ni une, ni deux, voici Myra-Belle dehors sur les traces de son ami. Elle finit par le rejoindre mais il n’est pas seul : autour d’eux dans une ambiance joyeuse des enfants et leurs créations de neige s’amusent, se mélangent, s’échangent. Monsieur Snow entraîne Myra-Belle dans une extraordinaire promenade : une chevauchée à vive allure sous les étoiles !



L’hiver se poursuit, les retrouvailles de l’enfant et du cheval ont lieu chaque nuit. L’amitié se nourrit, l’attachement grandit jusqu’à cette nuit où la tempête arrive. Qu’adviendra-t-il de Monsieur Snow face au déchaînement du vent ? Pour protéger son ami, l’enfant sort dans la nuit déchaînée et, se perd…


Je n’en dirai pas plus…il serait injuste de spoiler la suite de l’histoire !
Tristan Gion nous embarque dans un hiver chaleureux (oui oui, j’ai bien écrit « chaleureux »!). Il y toujours un peu de lumière même dans les moments sombres et désespérants. Les illustrations invitent à rentrer dans cette clairière joyeuse et à partager un moment cette fête avec les enfants.
Qu’est-ce qui vous tenterait : un petit tour en fusée ? Voguer sur le voilier glacé ?
Je choisis le câlin sous les étoiles…

L’attachement envers un animal peut être immense. Monsieur Snow répond en tout point aux espérances de sa jeune créatrice. J’aime particulièrement que l’affectivité trouve une réciprocité : que l’enfant soit prête à tout tenter pour protéger son ami. L’enfance, jusqu’à un certain stade, est le monde de l’auto-centrage. Le développement progressif de la théorie de l’esprit et de l’empathie entraînent une perception, une ouverture différente au monde et vis-à-vis d’autrui. Myra-Belle oublie toute prudence lors de la tempête, cherchant à braver les éléments pour venir à son secours. C’eût-été une tocade, on peut supposer qu’elle serait restée au fond de son lit…
Sortir en plein milieu de la nuit pour sauver son cheval de neige, en faut-il de la détermination ! Vient le jour où les enfants s’affirment, font des choix, défendent des points de vue, acquièrent des convictions parfois, prennent des petits ou gros risques aussi. C’est ainsi qu’on apprend !

Si au pays des rêves tout est possible, je peux en dire autant de la délicate créativité de Bernard Villiot. Avec lui, les histoires sont enveloppantes, réconfortantes comme la tasse de thé ou le bol de chocolat chaud que l’on sirote de retour au chaud quand les frimas de l’automne et l’hiver sont là. Pour les uns, cette histoire rappellera ces moments de bonheur quand feuilles, branchages et boules de neige devenaient un monde. Pour d’autres, peut-être qu’ils saisiront l’occasion de transférer quelques rêves dans la réalité.

Quand j’étais petite, j’avais un cheval imaginaire : Rosalie. C’était un grand cheval noir, qui m’accompagnait dans toutes mes activités et à qui je confiais tous mes états d’âmes. Occasionnellement, elle était mise à contribution pour guider mon père sur le chemin des vacances.
J’ai grandi.
J’ai laissé Rosalie s’éloigner.
Puis j’ai rencontré Brise, belle espagnole au doux regard de velours. Un jour il m’a fallu la laisser partir, un aller simple pour la voûte céleste. Avec cet album et les souvenirs qu’il réveille, elle n’a jamais été si proche…


bel album. Et je suis d’accord avec toi, que de mieux qu’un câlin sous les étoiles avec ce bel animal 😉
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