Par-delà les vagues

Catherine Grive pour le texte

Anouk Alliot et Seunghee Choi pour les illustrations

Éditions du Pourquoi Pas

Où mieux que sur la plage pour préparer ce billet… ?

Par-delà les vagues, c’est le récit d’un regard.

Regard sur soi, regard de l’autre.

C’est le monde du tout ou rien.

C’est le souffle retenu pendant la chute du verre…

…le sourd ralenti, comme au cinéma…

…l’attente de l’explosion dont on sait parfaitement qu’elle se produira……

…sur le sol quand il l’atteindra.

C’est la bascule d’un bout à l’autre, du néant à l’extrême, du noir totalement broyé qui devient en un claquement de doigt une aveuglante boule à facette.

C’est incontrôlable, indomptable, abominable.

Ça isole, affole, extrapole les rapports aux autres…ces autres qui ne comprennent pas.

Les autres qui ne peuvent pas envisager avec quel genre de vagues « IL » se débat. Ces vagues qu’il fuit un instant, dans lesquelles il se précipite la minute suivante au mépris de toute prudence.

Ce que Catherine Grive écrit sans la décrire, c’est la bipolarité (alias, trouble bipolaire, maniaco-dépression pour d’autres). Sublimant le point de rupture, elle convoque la représentation du tsunami intérieur. C’est une alternance étourdissante pour l’entourage, ravageuse pour celui qui la subit : celui qui, après chaque épisode, se demande s’il n’a pas épuisé le potentiel d’amour de sa famille. Car il comprend bien qu’il fait subir aux autres, il ne sait pas trop quoi, mais il voit la souffrance, la fatigue et l’appréhension de la prochaine « crise ».

Il souffre de lui.

Il est mal pour les autres.

Il voudrait autre chose.

Il accepte un jour, enfin, « les petits coquillages », les médicaments qui recréent de la stabilité quand son propre organisme ne sait pas comment faire.

Par-delà les vagues, c’est la tempête dépressionnaire puis la montée maniaque, avant de retrouver un ancrage, une exploration du calme.

J’ai vécu une lecture en déferlante, en immersion, en apnée souvent. Bouleversée j’ai été car j’ai une merveilleuse amie bipolaire, surtout tellement solaire ! Et quelques patients via mon métier aussi… Le paroxysme émotionnel m’a cueillie, a affolé mes battements cardiaques, fait monter le sel à mes paupières…

Comme souvent, il y a la mer…cet endroit où l’incorruptible miroir est tel qu’on y trouve un reflet pour chaque joie ou mal de l’âme. Il y a un texte, des dialogues qui incitent, plongent dans l’abîme profonde du Trouble. Et il y a les illustrations d’Anouk Alliot et Seunghee Choi qui happent, montrent le morcellement, la noyade intérieure, l’euphorie aveugle, la main tendue, l’épaule sur laquelle s’appuyer. Du bleu au rose, plonger et remonter pour rencontrer un autre possible : celui qui apparaît quand le soleil éclaire la pluie…

Merci chère Catherine pour ces quelques mots échangés, à la faveur du Livre sur la Place (Nancy 2021)…je n’ai pas oublié.

Pour ceux qui voudraient en découvrir davantage : http://bipolairesitusavais.com/

2 commentaires sur « Par-delà les vagues »

  1. très belle chronique d’un très bel ouvrage. Des mots justes pour parler d’un sujet pas toujours simple à aborder avec les jeunes mais pas que…..

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