Astrid Lindgren et Cecilia Heikkilä
Traduit du suédois par Catherine Renaud
Cambourakis

Astrid Lindgren nous raconte son Noël de l’année 1913. A cette époque, elle a six ans, son frère Gunnar en a sept. C’est la veille de Noël et dans la campagne suédoise, la neige a tout recouvert d’un épais manteau blanc. Il y en a tellement que c’est difficile pour ses petites jambes de suivre le rythme de son père qui a accepté qu’elle et son frère viennent avec lui pour couper un sapin. La marche est longue et fatigante. Enfin leur maison et son rouge réconfortant apparaissent. Mais à l’intérieur c’est la révolution ! Enfin c’est la révolution dans la cuisine, où leur mère et Signe leur bonne s’échinent à préparer le repas du réveillon. Les enfants filent désappointés dans leur chambre. Pourtant le lendemain matin, la magie de Noël semble être passée par là. La cuisine, chaos la veille, est rutilante et chaleureusement décorée.

Astrid égraine les souvenirs d’enfance : la décoration du sapin, le repas partagé avec les employés de ferme, les bonnes choses à manger, la petite sœur qui ne veut pas faire la sieste, Papa qui lit l’histoire de l’enfant Jésus, les hypothèses à propos des cadeaux disposés près du sapin. La fillette espère un cadeau enchanteur. Elle sera exaucée grâce au présent de sa grand-mère qui lui offre une magnifique paire de bottines !




C’est un Noël d’ailleurs, intimiste, avec l’authenticité de l’émerveillement enfantin. Tout est savouré pleinement : le partage en famille, la complicité avec la fratrie, la messe où les enfants ne comprennent pas un mot du sermon, l’absolu plaisir des cadeaux et le partage des oranges. On attèle le traineau pour rendre visite à la grand-mère tant il y a de neige. La joie des retrouvailles en famille est marquée par les chants que les adultes entonnent gaiement. Et je souris en lisant qu’Astrid ne se lasse toujours pas d’admirer ses bottines !

On comprend qu’à six ans, fêter Noël en Suède relève de l’aventure. Et je fonds, je craque pour cette tranche d’enfance, ces souvenirs magiques où le sublime des paysages enneigés répond à la chaleur des foyers où l’on a hâte de partager un gâteau de lait caillé. Ici le cadeau est auréolé d’une vraie valeur. Il n’y a qu’à lire la façon dont Astrid fait part de sa fascination pour cette paire de bottines. Pour accompagner ces souvenirs, Cecilia Heikkilä pose des bleus profonds, des maisonnettes rouge vif, des ombres qui dansent derrière les bougies et un chat très gourmand. Cela donne envie d’y plonger pour rejoindre la douceur de l’ambiance.

Si je n’ai rien contre le Père Noël, j’avoue aimer particulièrement qu’ici, il soit absent. Astrid, sans le dire clairement, laisse entendre que ce sont les familles qui offrent un cadeau aux enfants. C’est bien aussi, de se rappeler que les intentions de faire plaisir viennent des proches… Ce sont peut-être eux, les premiers à remercier…


Joyeux noël au passage !
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Merci Sébastien ! A toi (vous) également !
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