Jean-Pierre Kerloc’h et Delphine Durand
Didier Jeunesse

C’est barré, perché, déjanté !
C’est malicieux, délicieux, dangereux ? Après tout s’il s’agit d’une malédiction, mieux vaut être prudent…

Jean-Pierre Kerloc’h guide la plume de cette histoire où tout aurait pu bien se passer, mais ce n’est pas le cas.


Le roi Croûton le Bien-Aimé règne paisiblement sur son royaume où la nourriture est abondante et les habitants gentils. Avec la reine Bégonia et leur fille la princesse Bleuette, ils profitaient sereinement de leur havre de paix. Jusqu’au jour où tout allait être chamboulé : une graine de cornichon arriva céans. Et ce qui devait arriver arriva, tout le monde se mit à consommer des cornichons car le Cornichonnier royal était un arbre très productif, et que « tout est bon dans le cornichon » (c’est bien connu).


Un jour où le roi était parti à la chasse, il fut pris à parti par quelqu’un de relativement agressif : la fée Gafatapoire ! Comme le roi obtempéra partiellement au manque de politesse de cette dernière, qui réclamait ni plus ni moins que de (bouffer) manger son sandwich… il lui tendit le casse-croûte mais il en gardant pour lui le petit cornichon. Grosse erreur ! La sorcière lui lança une malédiction : à partir de ce jour, puisqu’il les aimait tant, il deviendrait le roi des cornichons !

Une société de cornichons : vous aviez déjà vu cela ? Le sous-texte serait-il ironique, tragique, lucidement satirique ? Le pauvre Croûton se retrouve vite cerné par une épouse cornichon, une première ministre cornichon, et même un cheval cornichon ! Vite, il n’y a plus qu’à aller trouver le sorcier Sahirabin (et espérer qu’il trouve une solution à toute cette pagaille cornichonnière !). Car un royaume de cornichons, faut bien l’avouer : ça craint !


La langue se réinvente, les néologismes en cascade pimentent le tout et ne manqueront pas de faire sourire les plus grands. Le rythme est truculent, la méchante est très méchante (et moche cela va sans dire) et la solution est loufoque : c’est du grand Jean-Pierre Kerloc’h !!! Aux illustrations, Delphine Durand sublime la cocasserie de l’histoire avec des personnages tout en rondeurs, des couleurs qui claquent, et un chapeau pointu (turlututu !) pour la sorcière- la fée ? Bref, vous voyez de qui je veux parler.

Carabosse n’a qu’à bien se tenir. Je capitule devant la force comique de cet album, qui détoure les contes et les pandémie… et j’en veu’z’encore ! Pour ce qui est de la malédiction contagieuse, le remède sera finalement assez simple et tout se finira bin.

Moralité : il faut se méfier des cornichons qui n’auraient pas été solidement vinaigrés (ainsi que des vieilles femmes belliqueuses, et aussi des végétaux invasifs). Si le conte peut finir, pas le rire… Lui il a encore de longues heures devant lui, et les croûtons aussi !
