L’Ours transparent

Cécile Metzger

Obriart éditions

Cécile Metzger nous raconte qu’il était une fois un Ours triste comme la pluie. En plus il est transparent dans un endroit gris où personne d’autre ne vit. (Si c’est pas le top de la déprime…). Certains jours il est tellement morose qu’il arrive même à se créer un petit nuage de pluie qui pleuviote au-dessus de lui. La vie était ainsi et l’Ours habitué au gris et à sa transparence ne se doutait pas que sa vie pouvait changer.

Un jour il se fit chatouiller le nez par…des libellules roses ! D’où peuvent-elles bien venir ? C’est Madame Odette qui les a amenées avec elle. Madame Odette vient de s’installer juste à côté de chez l’ours transparent et triste comme la pluie. Elle a amené avec elle des couleurs, des pots de fleurs, de la musique, un chat et une belle dose de gaieté.

La gaieté ça ne connaît pas les limites de propriété. Celle de Madame Odette se faufilait jusque chez l’Ours qui ne goûtait pas trop qu’on perturbe ses habitudes. Quand on est habitué à la solitude, pas évident de gérer la joie de vivre de la voisine. Pourtant un jour l’Ours est perturbé car il entend Madame Odette pleurer, se lamenter, se désoler parce que ses fleurs adorées ont séché… (le soleil des fois ce n’est pas très gentil et la pluie, ce n’est pas toujours triste).

Tout chose, l’Ours sent la pluie monter en lui et quand le nuage est bien chargé, il sort de chez lui pour arroser les fleurs assoiffées. L’Ours transparent se découvre bienveillant.

Gaiement il partagea un temps son coin avec Madame Odette, jusqu’à ce qu’elle s’envole définitivement avec ses libellules (mais sans son chat : normal les chats ne volent pas). Avant de partir, elle laisse un cadeau à son ami l’Ours : quelques pétales et quelques battements d’ailes rosées.

Des fois quand la vie est grise, on a l’impression que c’est comme ça et toute la vie s’organise de manière terne. La solitude est une fausse amie : l’Ours était tellement renfermé sur lui-même qu’il ne se rendait même plus compte que la vie pouvait se vivre autrement. Pire, quand un peu de nouveauté est arrivée, loin de s’en réjouir il l’a accueillie comme une perturbation de sa routine. C’est seulement quand le gris a commencé à envahir Madame Odette qu’il a fait un pas de côté par rapport à son morne chemin. En se dévoilant, il a quitté sa transparence et son isolement.

Oser parfois c’est compliqué. La sacro-sainte zone de confort tolère peu facilement le changement. On constate les résistances de l’Ours. Personnellement avec cette histoire, je ne peux m’empêcher d’y croiser certaines des miennes. Est-ce que se montrer tel qu’on est à quelqu’un en vaut la peine ? Aller vers l’autre, peut-être que c’est aussi aller vers soi…

« Oui mais si en plus ça finit de manière tragique, est-ce que ça en vaut vraiment la chandelle ? ». Certes Madame Odette monte au ciel : quelle poésie dans cette fin de vie. Suivre le chemin des libellules, ça rend son départ plus léger pour le lecteur. Pour autant parce qu’elle n’est plus là faut-il reprendre la même vie qu’avant ? Peut-être que non. L’amitié réelle transcende l’absence semble-t-il, surtout si on reçoit de quoi cultiver le souvenir de l’amitié (sacrée Odette).

Sobriété des mots pour laisser la part belle aux images. Les couleurs gagnent progressivement sur le gris, joie éclatante du rose dans un jardin en été. Merci Cécile Metzger et Obriart éditions pour ce merveilleux album qui éloigne les idées grises et qui donne envie de marcher pieds-nus dans un jardin fleuri.

Pour savourer le soleil et la pluie à tout âge.

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