Dame Labise

Pef et Élisabeth Piquet

Éditions Millefeuille

Diabolo, chat lecteur !

Un jeune garçon aux cheveux fraîchement coiffés rencontre dans le parc une dame immensément triste. Une dame qui pleure, c’est un adulte différent pense l’enfant. Aussi ose-t-il engager un échange. Il apprend que la dame a perdu son mari. Oups….l’enfant tente une pirouette pour se tirer de ce mauvais pas conversationnel mais la dame en question insiste pour qu’il reste. Bon gré mal gré, l’enfant reste, et questionne à propos du mari : que faisait-il de son « vivant » ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il en faisait des choses : conducteurs de troupeaux de nuages, dresseur d’oiseaux, jardinier planétaire, coiffeur d’arbres, joaillier en gouttes de pluie. Il était doté d’un caractère passionné qui se ressentait terriblement dans ses colères. C’est qu’il était capable de démonter l’océan, de déraciner des arbres et des maisons pour ensuite redevenir le plus caressant des compagnons. Sacré personnage semble-t-il Monsieur le Vent.

Monsieur le Vent qui disparaît : pouvez-vous le croire. En tout cas son épouse se désespère. Comme elle l’aime son mari Madame Labise ou Labrise… » c’est selon (une lettre de différence, quelle importance ? ). Comme il lui manque. Le vent est tombé tout à l’heure, aussi ne sait-elle où le chercher. Le temps du désespoir vient à s’écouler, et quand on est la femme du vent, on ne reste jamais au même endroit trop longtemps. Heureusement il y a eu l’écoute bienveillante d’un enfant.

Je rencontre céans Pef dans un registre différent des essais engagés ou des paraphasies dont nous gratifie son célèbre prince. Ici on donne dans la poésie, dans la métaphore filée, soufflante. C’est léger, pétillant, impressionnant : c’est qu’il en fait des choses le vent ! Pour accompagner ces mots subtils comme le vent d’Avril, Élisabeth Piquet illustre le vent par des planches aériennes, caressantes, frissonnantes. On suit les facéties de ce monsieur évanescent entre le ciel et la terre, dans le désert ou en bord de mer au gré d’arabesques pastel. La douceur gracile des tableaux accueille le regard et nous enveloppe comme la chaleur d’une couverture au milieu de rafales sifflantes. La bulle est accueillante et avec un peu de chance, vous apercevrez le vent qui joue facétieusement dans la courbe d’une vague ou dans les volutes d’un ciel moutonneux.

Je sais les émotions en vent violent, tempétueuses ou tornadantes. Comme tout ouragan, elles ne durent pas : les émotions c’est comme ça. Quand le chagrin se dilue, quand les émotions s’apaisent, c’est le moment de redevenir un peu soi-même. Madame Labise ou Labrise reprend sa forme imperceptible pour les yeux…mais pas pour les cheveux. J’aime supposer en filigrane que toute peine mérite son temps, qu’après les larmes revient le temps de regarder devant, de se remettre en mouvement.

Peut-être que ce texte invite à se poser ?

Peut-être qu’en cas de chagrin il est important de trouver une oreille disponible pour un temps de partage. Ce qui cause présentement de la peine rime avec souvenirs qui font sourire. Le lecteur fait l’aller-retour entre le parc, l’envolée des mots et la chevelure qui joue dans les mouvements de l’air.

Est-ce un texte pour les enfants ou pour les plus grands ? Face au vent, aux quatre vents ou en suivant la rose des vents, j’espère que chacun pourra suivre le sien.

(Au vent de Saint-Malo et à ma Brise, qui fait jouer mes cheveux régulièrement…)

Diabolo a bien senti qu’il avait un parfum particulier cet album…

Un avis sur « Dame Labise »

  1. joliment illustré cet album à l’histoire venteuse, poétique à souhait. Un bien bel album. Et vive le vent, vive les vents d’ici et d’ailleurs…… dans nos cheveux.

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