HOURIYA liberté

Juliette Chaux-Mazé et Emmanuel Volant

Le Grand Jardin

Impossible de résister au magnétisme de la couverture d’Emmanuel Volant…

Dans le regard du lion, j’ai plongé.

Les grandes vacances commencent. Kilian se rend au zoo pour la première fois grâce à l’entrée que lui a offert Mme Rossignol, sa maîtresse. Avec une petite encyclopédie, il déambule parmi les enclos. Quand il arrive devant celui des lions de l’Atlas, quelque-chose est différent. Le regard échangé avec ce lionceau nommé Simba le bouscule. Un lien de cœur à cœur se crée instantanément entre l’enfant et l’animal. Les jours passent. Grâce à de menus services, Kilian gagne de quoi se payer deux nouvelles entrées. Quand il vient, il passe son temps auprès de Simba. Il lui raconte l’Atlas, la savane, la vie en liberté et le lionceau de l’écouter. Plus rien n’existe à l’extérieur de cette bulle. Ce petit manège intrigue le gardien. Touché par la relation entre l’enfant et l’animal, il offre des entrées à Kilian.

Septembre est déjà là. Le jeune garçon doit retourner à l’école mais une surprise l’attend. Le zoo lui offre un badge, lui permettant un accès illimité. La presse s’en mêle : un article paraît relatant l’extraordinaire amitié entre l’enfant et le félin. Même les adultes constatent qu’il se passe entre ces deux-là quelque-chose qui leur échappent.

Un jour de pluie, la famille lion est endormie. Pour les transférer vers leur nouveau lieu de vie, c’est plus sage… Quelques larmes se mêlent à la pluie. Kilian est là bien sûr, pour dire au revoir à son ami. Pour lui dire surtout à quel point il est heureux de cette nouvelle vie de liberté qui va commencer !

Le lion de l’Atlas ne vit plus à l’état naturel. Les derniers spécimens vivants sont visibles dans des zoos. Comme c’est ironique, de songer que leur survie dépend des humains alors que c’est précisément à cause de l’activité humaine (braconnage et expansion d’activité) que l’espèce est éteinte à l’état sauvage. En substance, pour éviter une extinction totale, il a fallu mettre les derniers lions en captivité. C’est un petit peu choquant, non ? En vérité, vous seriez surpris par le nombre d’espèces concernées…

L’attraction que j’éprouve pour les animaux s’est trouvée au diapason avec cet album. Est-ce que c’est un super pouvoir de l’enfance que de pouvoir entrer en communication aussi spontanément avec un lion ? J’en envie de croire que oui. Simplicité, amitié et empathie s’initient et se renforcent au gré de ces moments partagés. A travers les livres empruntés, l’enfant découvre ce que devrait être le vrai territoire des lions. Récit à double voix : on suit les pensées de Simba auquel Juliette Chaux-Mazé donne la parole. L’alternance des points de vue, tantôt l’enfant, tantôt le lionceau, nous implique comme témoin privilégié de cette extraordinaire bulle.

En filigrane, l’album pose des questions : la captivité, est-ce une chance ? Est-ce l’inverse ? Quelles intentions se cachent dans ces parois, ces barreaux d’enclos qui ont pour vocation l’exhibition d’animaux ? Ce sujet me touche. Pour ceux et celles qui suivent ce blog, j’ai déjà au l’occasion d’évoquer ce sujet à travers Petite mer (https://clarasurlalune.com/2022/05/05/petite-mer/ ), La lionne le vieil homme et la petite fille ( https://clarasurlalune.com/2022/03/28/la-lionne-le-vieil-homme-et-la-petite-fille/ )ou encore Le renard emprivoisé ( https://clarasurlalune.com/2021/04/11/le-renard-emprivoise/ ). Houriya liberté va plus loin : il évoque subtilement, par le biais d’une coupure de presse, la responsabilité humains dans la disparition progressive des espèces. Voilà de quoi permettre l’échange avec les enfants sur la question du respect de la biodiversité. Une association de défense des animaux est rapidement évoquée : encore une petite graine semée par l’autrice à l’intention des enfants et des plus grands…

Houriya liberté est un coup de cœur. Emmanuel Volant illustre sublimement les limites, les ouvertures, les possibles. De Kilian qui, au début, semble aussi en prison avec ces ombres, en passant par l’enclos vu d’en-haut, par la douceur d’une caresse où à cette incroyable profondeur des yeux d’agathe de Simba-Houriya, qui peut résister ?

Là j’avoue…j’ai pleuré…

Cet album nous ouvre les yeux et peut donner très envie de participer à la préservation des milieux naturels. L’espoir doit se construire pour éviter que les zoos soient à l’avenir l’unique radeau de survie de certains animaux. Merci Le Grand Jardin pour cette douce et Ô combien puissante rencontre.

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