Pieter Gaudesaboos
Traduit du néerlandais par Annette Eskenazi
Hélium éditions

Qui peut se vanter de détenir la définition de l’amour ?

Pingouin est en route. Il a une mission à remplir. Une mission dont il porte le secret au plus profond de lui. Et il a peur. Il appréhende de s’en délester. Faire marche arrière : la question ne se pose même pas. Sa vie va changer, il le sait. Enfin il arrive devant chez Ours.

Enfin il lui avoue… Pingouin avoue à Ours qu’il est amoureux de lui.
(Quel courage !)

Quelle désillusion va s’ensuivre… Ce dernier met en avant une impossibilité de sentiment à cause de leur différence. Pingouin admet ce point. Mais c’est insuffisant pour faire disparaître l’amour. S’ensuit une discussion sur ce qu’est l’amour. Pingouin essaye d’expliquer ce qu’il ressent, ce qui laisse Ours hautement dubitatif. Pourtant, même si ce dernier s’en défend, le lien entre ces deux-là existe. Leur complicité est évidente ainsi que la suite du livre nous la dévoile. Pingouin lui, espère en la disparition de ses sentiments. Ours, lui, profite au jour le jour de la présence de son ami. L’été se passe ainsi, telle une parenthèse enchantée où les chants autour du feu de camp alternent avec des sessions de surf et des confidences au sommet du phare.



Il y avait tout ce qui les sépare. Maintenant il y a tout ce qui les rassemble. En théorie. En pratique, on le sait bien, ce n’est pas simple avec l’amour. Pingouin a toujours des chatouillis dans les orteils, sa tempête dans son ventre et le corps qui tangue. Aucun signe de cet ordre pour Ours. Alors Pingouin s’en va, trop triste pour envisager de se retourner. Il est décidé à rentrer chez lui, à mettre ni plus ni moins qu’un océan entre Ours et lui.

Face à ce qu’il prend pour une simple amitié, Pingouin préfère partir. Pieter Gaudesaboos nous montre la désillusion, les sentiments non réciproques. Il nous montre que parfois, pour préserver notre précieux amour-propre, partir est nécessaire. Aimer autrui ne doit pas être au détriment de nous-même… Quel sublime conseil, ne trouvez-vous pas ?

Ours se retrouve seul et triste. Un peu de temps lui est bénéfique pour comprendre, analyser et admettre qu’il ressent une chose très forte pour Pingouin. Mais pour lui, ça ne passe pas par le « « tangage intérieur » ou autres « chatouillis ». Moralité : en amour, chacun doit apprendre à reconnaître ses propres signaux.

Qui se ressemble s’assemble, paraît-il. Et quand on ne se ressemble pas de prime abord : est-ce cuit d’avance ? Je vais vous faire une confidence : l’amour n’est pas franchement mon thème de prédilection en littérature jeunesse. Par contre l’océan, la mer : oui. Voilà comment je me suis faite totalement cueillir « par hasard » par Un océan d’amour. Je suis touchée-coulée par le tact dont fait preuve Pieter Gaudesaboos en évoquant les difficultés d’accordage. Ours et Pingouin incarnent deux êtres différents, non genrés si bien que n’importe qui pourrait s’identifier à eux. La naissance du sentiment amoureux ne passe pas par des chemins tout tracés : elle est propre à chacun. De même la prise de conscience de son état. Je vois ce livre quasiment comme un mode d’emploi des relations humaines. Le courage du personnage de Pingouin m’attendrit. C’est qu’il en faut pour avouer un sentiment. J’aime que, passée la stupeur, Ours cogite sur ce que son ami vient de lui révéler. Le rejet n’est pas présent : ouf !

Lumineux et réconfortant comme un phare au milieu de la nuit, Un océan d’amour charrie un océan d’espoir. Carton plein donc pour cet ouvrage, mon improbable coup de foudre « livresque »… Un peu comme en amour, certainement !


Merci d’avoir partagé ton coup de foudre.
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