Suzanne aux oiseaux

Marie Tibi et Célina Guiné

Le grand jardin

Ce livre a attiré l’attention de bien des gens depuis sa parution en 2017 : il accumule les articles, les prix, les sélections et je trouve que c’est parfaitement mérité !

Et moi aussi j’ai voulu en parler.

Pourquoi ? Venez découvrir…

Suzanne vient chaque jeudi dans ce parc où elle nourrit les oiseaux. Tous les jeudis (sauf quand il y a de la pluie) elle s’installe sur un banc, son banc préféré, près des hortensias. Elle donne des graines aux oiseaux.  Elle leur raconte sa vie quand elle était jeune, quand elle habitait dans un autre pays. Elle leur raconte le bateau qui l’a amenée ici, son mari militaire qui n’est plus là depuis longtemps et les oiseaux de l’écouter.

Un jour elle découvre son banc occupé par Nadim. Nadim il a une touche bizarre : c’est sans doute parce qu’il dort dehors depuis qu’il a quitté son pays. Il a vu suffisamment de choses pas belles pour pouvoir apprécier la quiétude de ce parc aux pelouses vertes. Il ne parle pas très bien français, Nadim. Aussi Suzanne lui apprend quelques mots. Au fil des jeudis ils deviennent amis.

Un jeudi, Suzanne offre à Nadim une bague. Elle lui dit qu’elle n’en a plus besoin. Est-ce qu’elle savait que ça serait son dernier jeudi au parc ? Les vieilles dames savent bien des choses… Nadim reste seul sur le banc un temps, puis il comprend que Suzanne est partie pour toujours mais de la vieille dame il lui reste un bijou.

Je rends grâce à la douceur des illustrations de Célina Guiné, qui nous emmène en promenade avec la douceur de ses images. La sérénité du jardin invite à profiter du présent sans se lamenter sur le passé. Lieu simple et intemporel, le jardin public est un lieu de passage. On y vient, on s’y pose ou s’y repose, on ralentit le rythme avant de repartir dans sa vie. Suzanne et Nadim font exception : l’une parce qu’elle est vieille et seule donc le jardin devient son rituel, son rayon de soleil ; l’autre parce qu’il s’est déraciné par nécessité et qu’il trouve ici un lieu où dormir sans peur. Deux vies, deux générations se rencontrent sur un banc et rompent un peu de leur solitude respective le temps de donner des graines aux oiseaux.

Pas de préjugés, pas de jugement : Suzanne accueille Nadim tel qu’il est. Pas de peur, pas de rejet malgré une apparence peu engageante. Subtilement, Marie Tibi aborde le délicat sujet de l’immigration. Quitter son pays c’est bien gentil, mais après ? Comment ça se passe quand on arrive dans un nouvel endroit ? Où dormir ? Où Manger ? Où se laver ? Pour Nadim le voyage semble fini…vous êtes sûr : et quand l’hiver sera là ? Et quand il pleuvra-neigera-gèlera : où s’abritera-t-il ? Je pourrai continuer d’accumuler les questions sans pour autant apporter de réponse. Toutefois la réflexion est amorcée. La conscience empathique se cultive, s’arrose, se développe, s’encourage. Il faut pouvoir se questionner pour discuter : je trouve dans cet album une fabuleuse occasion d’ouvrir le débat avec toutes les générations.

Cette histoire est porteuse d’espoir. L’espoir c’est l’écoute de Nadim qui sans le savoir, rompt la solitude de Suzanne, qui fut déracinée comme lui. C’est l’espoir offert par Suzanne avec cette bague, précieux sésame vers un peu d’argent et la possibilité de réinventer la suite de la vie. C’est l’espoir envers cette graine de tolérance qui peut s’exprimer tous les jours avec simplicité (tout le monde n’a pas de bague à donner), mais un regard, un sourire, ça ne coûte pas un sou et mon petit doigt me dit que ça apporte beaucoup… La générosité n’a pas de prix mais elle peut changer une vie.

Suzanne aux oiseaux n’est pas un album où déborde le pathos. Et pourtant il génère moult émotions qu’il mixe un max : curiosité, surprise, peur, stupéfaction, tristesse, joie, nostalgie, espérance… Je l’ai refermé avec cette sensation que ce livre allait changer quelque-chose dans ma vie (depuis je détourne moins les yeux sur les gens assis dans la rue et je leur souris un peu plus). Quand j’ai lu Suzanne aux oiseaux pour la première fois, il y a eu le gloups dans la gorge, ce gloups d’émotion qui fait que je ne peux pas reposer l’album en question. A chaque re-lecture la magie se produit : 1000 merci Marie Tibi, Célina Guiné et Le grand jardin pour cette histoire où l’espoir a la saveur du miel.

Un avis sur « Suzanne aux oiseaux »

  1. véritable coup de coeur au Zinc Grenadine pour ce livre. Et ma grand-mère s’appelait Suzanne… comment ne pas l’avoir dans sa bibliothèque, c’était une évidence.

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