Eulàlia Canal et Rocio Bonilla
éditions Père Fouettard

Comment ça les fantômes ne frappent pas à la porte ? Père Fouettard qu’est-ce que c’est cette histoire ??
Chut Clara, ouvre le livre et tu comprendras…


C’est l’histoire de deux amis « meilleurs-pour-la-vie » : Ours et Marmotte passent beaucoup de temps ensemble à faire pleiiiiin de choses trop géniales : danser, rigoler, jouer aux fléchettes, imaginer des trucs…C’est le pied, jusqu’à ce qu’Ours dise à Marmotte que Canard va se joindre à eux.

Là ça ne plaît pas trop à Marmotte que quelqu’un s’immisce dans son duo parfait avec Ours…Qu’à cela ne tienne, un peu d’anticipation, un soupçon de fourberie : Canard l’opportun ne passera pas la porte, foi de Marmotte !



Dehors il commence à neiger…Marmotte, très contente du tour qu’elle vient de jouer s’active pour distraire Ours…lequel est inquiet de ne pas voir Canard arriver. Mais…le tour prend un virage inattendu et Marmotte de vivre une des peurs de sa vie :
(et moi un des fous rires de la mienne de vie : non mais vous avez vu ce fantôme !!!)

Total la ruse est un échec : Ours installe Canard au chaud. La soirée d’hiver se déroule au rythme du crépitement des buches dans la cheminée quand l’attention des convives est attirée par un drôle de mouvement derrière la fenêtre…un mouvement de plusieurs silhouettes qui ondulent et dont les yeux brillent dans la nuit : des fantômes ?

Marmotte ne voulait pas partager Ours avec un autre camarade : total de son calcul c’est avec dix autres copains qu’il faudra composer pour le meilleur et pour le rire !

A la fin de cette lecture je m’interroge sur la possessivité dans l’amitié. Qu’est-ce qui pousse Marmotte à être aussi exclusive avec Ours ? Pourquoi se sent-elle menacée par l’idée de la présence d’un autre ami ? Se pourrait-il qu’elle ait peur de ne pas être à la hauteur ? D’être oubliée au profit de l’autre ? D’où peut venir se sentiment terrifiant ? D’un énormissime manque de confiance en soi me murmure mon petit doigt…Car à aucun moment Ours n’a sous-entendu que la présence de Canard impliquait le départ de Marmotte. Donc cette anticipation de « ressenti-affreux-d’exclusion » viendrait bien de Marmotte elle-même.

Comme dans tout moment où le côté obscur prend le pas sur nos actes, Marmotte met en place un plan destiné à lui garantir la non-intrusion de Canard. Le premier acte rate : ce n’est pas grave, elle en remet une couche avec cette histoire de fantômes…Deuxième échec : il va quand même falloir s’accommoder de Canard. Mais la situation lui échappe complètement quand une armada d’ombres fantomatiques se pointent à la fenêtre. Des vrais de vrais fantômes ? Une tentative d’éviction = 10 amis en plus ! Oups, y a eu comme un loupé dans le calcul…mais est-ce un si mauvais résultat ? Peut-être pas…
Quand il y a comme une béance dans la confiance en soi, il y a une illusion qui consiste à croire que c’est à travers l’autre qu’on existe. En réalité le malaise restera tant que la relation entre soi et soi n’aura pas gagné en consistance. Marmotte se réconciliera avec elle-même en trouvant sa place dans le groupe. Merci Eulàlia Canal, Rocio Bonilla et les éditions du Père Fouettard pour cet album qui donne à rire et à méditer sur la jalousie, l’hypocrisie et les conséquences de nos actes, qui ne seront pas toujours celles qu’on croit. Avec dynamisme et entrain, les illustrations chaleureusement expressives nous entraînent à la rencontre d’animaux humanisés, riches d’émotions et de ressources.

Moralité : l’amitié ne se partage pas, elle se décuple et si en plus il y a un gâteau, c’est drôlement plus chouette !


oh que ce livre fait du bien, merci merci. Et les illustrations sont toutes belles. Re merci.
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