Amani faiseur de pluie

Ghislaine Roman et Anne Romby

Milan jeunesse

Envie d’une fenêtre sur ailleurs…

Amani est un jeune Touareg. Depuis qu’il est petit il voit son père et son oncle partir avec la caravane sur la route du sel. Sans lui. Trop jeune. Il attendra leur retour avec sa mère, près de la ville, où ils vivent depuis plusieurs mois. Tous les jours il surveille les chèvres. Or ce soir il en manque une dans l’enclos. Catastrophe !

Il faut la retrouver. Amani part à sa recherche. Il arrive devant Moussa, l’ancien forgeron devenu aveugle. Le vieil homme perçoit la détresse d’Amani : l’enfant se confie. Moussa l’écoute, puis lui explique où se rendre pour retrouver sa chèvre. Demain il lui faudra partir vers le puis de la Girafe. Amani rentre prendre un peu de repos. Sous la tente sa mère fait chanter l’imzad. Amani s’endort.

Le lendemain, Amani se met en route. Rapidement il croit avoir retrouvé sa chèvre mais la désillusion guette : point de chèvre sur le chemin, mais une gazelle.

La leçon est amère. La journée est trop avancée pour rebrousser chemin. Il faudra dormir dans le désert et rationner l’eau car le puits de la Girafe est à sec. Un peu d’eau pour son âne, il ne faudrait pas malmener son seul compagnon. La nuit tombe et la vie nocturne s’éveille. C’est sa première nuit dans le désert.

Quand le soleil se lève, Amani est saisi d’une curieuse émotion. Il se remet en route. Un moula-moula apparaît et se pose sur l’âne. C’est un bon présage. Quand soudain l’oiseau s’envole vers les montagnes. Bien prend Amani de le suivre car une tempête du désert se lève. Entre les parois de la montagne, un passage se distingue. Amani s’y engage et retrouve son âne et l’oiseau dans une clairière de pierre : un oued asséché. Il va falloir passer encore une nuit loin du campement. Le moula-moula veille.

A son réveil, il découvre sur la roche de curieux dessins. Un en particulier retient son attention : un homme joue de la flûte en dessous de ce qu’il lui semble être de la pluie. Amani décide de gagner le sommet des roches pour jouer de la petite flûte qu’il a avec lui. Si la musique pouvait faire tomber la pluie, ça serait fantastique.

Amani joue.

La musique se diffuse et son pouvoir apaisant se répand.  

La descente sera ardue mais une surprise de taille l’attend en bas : son père.

La caravane a fait halte non loin d’ici. Amani rejoint les hommes. Il va pouvoir reprendre quelques forces avant de tout raconter. Point de moqueries devant son récit, mais une confidence collective qui va surprendre l’enfant : tous les hommes ont essayé un jour de faire tomber la pluie après avoir découvert le dessin. Tous ont essayé d’être des faiseurs de pluie.

 Le lendemain matin c’est la pluie qui réveille Amani.

Ce livre est un voyage. Point besoin de billet d’avion, il suffit d’ouvrir l’ouvrage pour se laisser happer par les remarquables illustrations d’Anne Romby. Il y a tant de grâce dans ses dessins que j’ai l’impression de sentir la chaleur du désert sur mon visage, la sensation de la corde effilochée de l’âne sur mes doigts, la rugosité de la roche, la fraîcheur de la pluie…Images intemporelles pour rendre hommage à la relation entre les Touaregs et le désert. Merci Ghislaine Roman de nous embarquer entre musique et silence dans cet Orient brut, rude, magnifique, authentique !

La question de l’eau est primordiale pour les peuples africains, et encore plus pour ceux qui sont semi-nomades, comme les Touaregs. La sécheresse pour eux n’a rien à voir avec celle que nous découvrons depuis quelques années. Quand on manque d’eau, chaque goutte est précieuse car elle conditionne les chances de survie. Pas d’eau, pas de vie. Plus d’eau, risque pour la vie. On développe un grand respect pour cet élément quand on côtoie des environnements où elle ne sort pas d’un robinet. On comprend qu’elle n’est pas une ressource infinie et que la pluie peut être une aubaine.

On suit Amani a travers un vrai parcours initiatique. L’enfant éprouve les dangers du désert, dangers dont son père voulait le préserver. Le désert ne s’improvise pas. Le désert s’apprivoise tout comme la vie s’apprivoise. Face au vent du désert, on est peu de chose. L’expérience fait l’homme. La théorie devient pratique. De la leçon découle des conclusions. Amani expérimente ses capacités, ses émotions et sa capacité à décider : dans sa vie il y aura l’avant et l’après. A-t-il réussi à faire tomber la pluie ? Peut-être que oui…et peut-être l’enfant a-t-il pris confiance en lui…

S’il y a une large part faite au parcours initiatique, il y a aussi l’aspect transmission qui est présent. Amani joue la musique de sa mère. Amani admire son père et veut marcher avec lui. L’enfant s’éloigne de la tente rassurante de sa mère pour rejoindre, sans le savoir, son père. Au milieu des hommes, il apprend que tous avaient joué pour la pluie avant lui. Magie de la filiation de la double-famille : Amani trouve sa place dans la caravane et auprès de son père.

Amani chemine seul. Mais le moula-moula veille. La spiritualité permet à l’enfant d’interpréter positivement la présence de l’oiseau. Quand l’environnement est rude, il convient de vivre dans le respect des compagnons. Je suis touchée par la délicatesse qui ressort de la relation homme-animal : Amani partage son eau avec son âne, Sélim accueille l’animal avec « une certaine tendresse ». La conclusion de l’histoire reviendra à la chèvre par qui tout a commencé.

Ode à un oignon

Pablo Neruda et sa muse

Alexandria Giardino et Felicita Sala

Éditions Cambourakis

Je n’aime pas les oignons, mais alors pas du tout. Mon estomac ne les supporte pas. Aussi jugez de ma surprise en découvrant le titre de ce livre. L’approche fut un mélange d’attirance-répulsion, comme si en l’ouvrant j’allais être assailli de vapeurs pleurantes. Et puis j’ai aperçu « Pablo Neruda » et là, une partie de mes armes sont tombées. Pablo Neruda : personnage magique, réveillant la sécurité de l’enfance et quelques souvenirs de moments passés dans une école qui portait son nom. (Pablo Neruda, un prénom et un nom pour une madeleine de Proust)

Le poète est en proie à un tourment : écrire sur un sujet dur – les mineurs et leur labeur – empathie déferlante. Rien ne semble plus avoir de saveur en dehors de la douleur. Pourtant l’heure du déjeuner approche et il est temps de rejoindre Matilde, sa compagne, son sourire, son amour.

Matilde encourage le poète à revenir ici et maintenant, quitter pour un temps les émotions et les mots pour aller dans le jardin chercher quelques légumes. Il faut bien se nourrir. Direction le jardin à la rencontre des tomates et des fenouils. Leurs entremêlements semblent une bataille à Pablo alors que Matilde y voit un tango. Plus tard il s’attriste de la séparation du couple formé par l’ail et la rose puis il anticipe les larmes provoquées par l’oignon. Matilde s’amuse de la mélancolie du poète, et puisque le jardin n’a pas suffi à dissiper l’ennuie de Pablo, une nouvelle étape l’attend : couper l’oignon.

Album éminemment sensoriel. On entend tout du jardin, on sent la petite brise qui se faufile entre les rayons du soleil, on est capté par les couleurs de la terre et des fleurs, on respire l’instant présent avec la musique des bruissements. Les illustrations de Felicita Sala laissent transparaître toute la délicatesse du jardin potager et s’accord avec sensibilité aux mots d’Alexandria Giardino. Je les remercie pour cet album autant que le poète qui les a inspirées.

Pablo coupe l’oignon. La vapeur du légume monte jusqu’au poète et ce qui devait arriver…les larmes se mettent à couler.

A travers leur rideau au début, il ne voit rien. Petit à petit il distingue ce qu’il n’avait pas vu. Dans le sein du noir de la terre l’oignon s’est développé, attendant sa mise à la lumière pour être révélé, et sa mise en bouche pour être aimé. Bouleversé, Pablo songe : dans les petites choses se trouve le bonheur. Dans les petites choses se trouvent nos ressources de joie et la possibilité d’éloigner les soucis.

Quand la tête s’échauffe, il faut revenir au corps. Quand l’esprit et les idées s’emballent, il convient de ressentir, en pleine conscience :  

Qu’est-ce que je vois ?

Qu’est-ce que je sens avec mon nez ?

Quelle est la sensation du couteau dans ma main ?

Et quand je coupe l’oignon ? Et quand je le croque ?

Matilde l’a dit : « Mais d’abord mangeons ». C’est un sujet sur lequel tous les hommes s’accorderont : il faut manger pour vivre. Faute de réconcilier mes papilles avec les oignons, cet album a le mérite de me rappeler une chose essentielle :  la considération d’une chose dépend de l’angle avec lequel on la regarde et de la bienveillance qu’on lui accorde à un instant T. Puisque l’oignon a révélé sa sensibilité au poète, ce dernier lui rendra hommage avec des mots, avec une ode.

Cet album est un hommage aux choses simples, telles que Pablo Neruda les a célébrées et qu’il continue à le faire à travers sa poésie, intemporelle, éternelle.

Pour tous les poètes de la vie !

Le secret de Léon

Émilie Soleil et Cécile Becq

Gecko Jeunesse

Aujourd’hui dans ma bibliothèque j’ai retrouvé Le secret de Léon.

Léon a une vie sans mystère. Il cultive des pommes de terre qu’il vend le samedi sur la place du marché de son village. Le samedi soir il rejoint les musiciens sur cette même place avec son accordéon et en avant la musique. Tout le monde danse, surtout Eulalie !

Elle danse toute la nuit, longtemps après que la musique soit finie dans le cœur de Léon…

Le lendemain, Léon découvre un secret à côté de lui, un petit secret rouge. « Un petit secret : OK, je devrais pouvoir gérer » se dit Léon. Ou pas.

Au début le secret ne se fait pas trop remarquer, puis il veut qu’on le considère, qu’on s’occupe de lui. Alors il se fait sentir, il se fait entendre, et la vie de Léon est toute perturbée. En prime le secret est actif de jour comme de nuit. C’est fini les nuits paisibles ! Le secret ne laisse aucun répit. Impossible de s’en débarrasser !

Léon décide de partir : raté, le secret a vite fait de le retrouver. On ne se débarrasse pas d’un secret comme ça…Léon décide de l’avaler : encore raté. Le secret le rend tout barbouillé, il est encore plus difficile à supporter au fond de l’estomac.

Au village les gens commencent à s’inquiéter de ne plus voir Léon au marché, surtout Eulalie qui vient aux nouvelles…Léon essaye de la rassurer mais il est vraiment mal en point. Pourtant il va travailler : les pommes de terre doivent être ramassées. Cela lui donne une idée : il va enfouir le secret dans son champ. Ah enfin débarrassé ! Ou pas…

Le secret ne veut pas être oublié alors il va se transformer. Quand Léon découvre son champ, il prend une grande décision…Parfois les secrets ça a du bon.

Vaste sujet que la gestion des sentiments. On voit fleurir de plus en plus de livres-albums-films sur le sujet des émotions. C’est bien mais quand il s’agit d’amour, on aurait bien besoin d’un mode d’emploi. Qu’est-ce que cette histoire nous apprend ? Qu’un amour naissant connaît différents moments qui ne laisseront pas son humain indifférent. On commence par un peu de déni, on s’active pour ne plus y penser, on se met en colère pour l’oublier, on croit s’en être débarrassé et non. Rien à faire. Le sentiment est toujours là. En prime il se fait sentir dans le corps (ah les fameux papillons dans l’estomac…oups, Léon n’a pas eu l’air d’apprécier la sensation).

Elle me plaît la personnification de ce sentiment. Evidemment il est rouge, la couleur de l’amour… Il est petit mais il prend beaucoup de place. (Petit mais costaud comme dirait une ancienne publicité…). Et il ne fait pas bon ménage avec la confiance en soi. L’amour réduit souvent à néant les certitudes. Pauvre Léon : il accumule les mauvaises stratégies et il est tellement déstabilisé-chamboulé qu’il n’arrive même plus à travailler.

Règle d’or : plus on l’ignore, plus il est lourd le secret !

Alors que faire ? Au lieu de perdre de l’énergie dans le déni, on pourrait peut-être lui faire une place dans sa vie…Libre à chacun de le transformer en champ de coquelicots, roses, poème ou autre chose…

Merci Émilie Soleil et Cécile Becq : cette histoire amoureuse et son p’tit air d’accordéon réveillent des envies de bals de village et petites attentions.

A partir de cinq ans.

Sacha a rendez-vous avec Esther

Xavier Bruyère

L’école des loisirs

Parfois dans la bibliothèque d’une amie on trouve une petite merveille. C’est ainsi que j’ai rencontré Sacha et Esther. En avant pour une histoire d’amitié, d’anniversaire, et plus si affinités.

Sacha a préparé un cadeau pour l’anniversaire de son amie Esther : un poème. Il a très envie de lui lire mais il n’est pas arrivé le premier. Auprès d’Esther il y a déjà Odilon, et Rémi, puis Anne qui les rejoint. Décidément !

Sacha propose à Esther une promenade sur son radeau : enfin un peu d’intimité. C’est sans compter sur la météo et la chute dans l’eau. Oh c’est bête, ils vont devoir passer la nuit sur une petite île. Sacha est ravi, il s’apprête enfin à dire son poème…ou pas. Esther, elle, s’endort vite laissant Sacha déconfit.

Le jour se lève. En attendant le réveil de Sacha, Esther s’éloigne pour cueillir quelques fleurs. Bien mal lui en a pris : elle se retrouve nez à nez avec un loup pas content du tout ! Pour défendre son amie, Sacha attaque : en avant les coups de parapluie (faut pas le chercher Sacha !).

Le loup s’excuse : c’est un malentendu. Il aime ses fleurs c’est tout, il ne voulait pas faire peur. Il va même les aider à rentrer en leur prêtant une barque. Esther en profite pour demander à Sacha ce qu’il voulait lui dire la veille au soir…Sacha se prépare, le poème s’envole, ils sont arrivés, les amis sont là, Esther et tous sont tout ouïe :  y a plus qu’à : Sacha se lance. (Mission accomplie). Esther est conquise semble-t-il… C’est-y pas mignon tout ceci ?

Encore une histoire qui se déroule au fil de l’eau. Même s’il y a des imprévus sur le chemin, notre héros chat ne se décourage pas. Les phrases sont courtes, le rythme est varié, c’est agréable à lire et à raconter.

Le cadeau sous forme de mots : j’adore ! Pas besoin d’offrir un bien matériel. Une belle intention, ça peut être très chouette et faire tomber les demoiselles. Sacha qui voulait de l’intimité pour lire son poème : c’est réussi. Il aurait pu se dégonfler, repousser, abandonner : même pas. Il a assumé le poème et les sentiments.

Ce qui a fait mouche chez moi : les illustrations ! Ce petit côté « à l’anglaise » m’a renvoyée dans l’univers de Béatrix Potter et Kenneth Grahame. Les animaux sont humanisés et évoluent dans un environnement relativement bienveillant où le méchant ne l’est pas vraiment. Les petites anicroches se finissent bien. C’est bucolique, romantique et poétique.

La promenade champêtre est terminée, je referme le livre avec  comme une envie de lire de la poésie au bord de l’eau.

(Merci à mon amie Esther pour la découverte de cet album)

A partir de trois ans.

Réveil

Hector Dexet

Éditions Amaterra

Il faut regarder et inventer l’histoire car ici, point de mots. Comme le printemps vient d’arriver, c’est le moment de vous présenter ce Réveil.

Des traces de pas dans la neige, celles d’un homme.

Puis celles d’un plantigrade.

Un phoque au loin, un igloo et un trou pour la pêche.

Le soleil, timide au début qui se dévoile au fil des pages, ces pages découpées qui nous accompagnent sur la lente transition entre l’hiver et le printemps. La neige commence à fondre là-bas. Les rennes grignotent les éparses brins d’herbe pendant que le harfang des neiges guette le lièvre pour en faire son petit déjeuner.

Le soleil est là, le vert tendre devient prairie et terrain de jeu de la faune. Plus il chauffe, plus il réchauffe, plus les découpes rétrécissent, plus les traces de pas se réduisent. Mais au fait, qui suit-on ?

Encore quelques pages, les insectes et les volatiles déplient leurs ailes comme les fleurs leurs pétales et là, dans le pré, une paire de bottes délaissées pour une reconnexion à la terre, une pause au soleil. La progression dans les découpes page après page : j’adore ! La nature fait les choses progressivement, aussi on découvre de pas en pas, les petites touches du printemps qui s’affirme.

Merci Hector Dexet pour cette fin d’hiver rassurante qui donne envie d’attraper ses bottes pour sauter dans les flaques et flâner dehors. Le froid et le blanc cèdent peu à peu aux couleurs vives et franches. Le petit homme est présent en filigrane laissant libre cours aux animaux d’apparaître, de jouer, de profiter eux aussi de l’arrivée du printemps.

Que faire du champ libre du « sans texte » ? C’est une bonne occasion de créer l’ambiance : plutôt mode « enquête » (à qui sont ces empreintes) ou plutôt mode « description » (alors là dans le cercle polaire pour pêcher il faut faire un trou dans la glace…), ou autre chose, ne trouvez-vous pas. ? C’est chouette, ça laisse plein de portes ouvertes.

Cet album sans parole se fait médiateur de communication : il serait dommage d’en faire un outil de torture pédagogique avec une injonction à la dénomination (c’est quoi çaaaaaa ?). Comme pour la surprise de la découverte à chaque page tournée, laissons-nous surprendre par le moment de partage. Merci l’instant présent.

Ce livre est une promenade, une redécouverte. Il est propice à l’observation de ce réveil de la vie végétale et animale après le sommeil hivernal. Peut-être que le silence l’emportera, auquel cas l’histoire restera à l’intérieur des esprits…Peut-être que les mots accompagneront la promenade…Peut-être autre chose !

Je vous souhaite de belles promenades (dès que cela sera à nouveau possible) avec les yeux grands ouverts et des pauses nez au soleil.

Mon animal TOTEM

Virginie Téoulle et Claire Le Roy

Magellan et Cie

Ce n’est pas un album classique que je vous présente aujourd’hui.

Et c’est par une question que la présentation va commencer : c’est quoi un animal totem ?

Il y a plusieurs angles de réponses. Je n’aurai la prétention d’être exhaustive sur ce sujet. Voici quelques éléments pour comprendre : l’animal totem se retrouve dans certaines cultures comme les amérindiens, les inuits, certains groupes africains…dans les populations autochtones qui vivent en considérant que l’homme est en échange avec tout ce qui l’environne : éléments, terre et ciel, monde végétal, minéral et animal.

S’il concerne une tribu, l’animal totem est vénéré comme un dieu, un ancêtre. Il a un rôle protecteur et est respecté en tant que tel.

Si on parle de l’animal totem d’une personne, c’est un peu pareil que pour la tribu mais à une échelle individuelle. Chacun, pour peu qu’on ait une conscience spirituelle-chamanique-énergétique (choisissez le terme qui vous convient) peut avoir un (ou plusieurs) animal totem. Il ne s’agit pas de l’animal préféré, mais d’un animal dont les qualités, l’énergie feraient écho à notre personnalité profonde, essentielle. Comme tout cela est lié à notre état d’esprit, c’est potentiellement évolutif.

Les chamanes disent que nous ne choisissons pas notre animal totem : c’est lui qui se manifeste (désolé si vous adorez les chevaux et que vous avez un totem ours…). Étant une grande amoureuse des animaux et curieuse sur le sujet de l’animal totem en général, vous comprendrez l’attrait immédiat que cet album a exercé sur moi.

Qu’on y croie ou pas, là n’est pas la question ni le débat. Le duo Virginie Téoulle et Claire Le Roy nous proposent de rencontrer plusieurs animaux. Qu’ils évoluent sur terre, dans les airs ou dans la mer, qu’ils viennent d’un pays chaud ou froid, qu’ils soient tout petits ou bien plus grands que nous, il y aura de quoi faire écho à bien des sensibilités.

A chaque double page, un animal apparaît avec une courte description faite sous un angle symbolique, s’accordant sur les qualités et potentialités. Trois mots sous l’animal résument le profil de personnalité auquel on pourrait, peut-être (ou pas) s’identifier.

Cet album n’aborde donc pas les animaux sous un angle descriptif documentaire. C’est autre chose. C’est une passerelle vers une magie universelle : l’i-magie-nation. D’ailleurs je ne sais pas comment les enfants peuvent réagir à la découverte de cet album, au demeurant sobrement magnifique. Pas de déferlante colorée ici, la sobriété du noir, du blanc, quelques touches de sépia, un brun léger le tout sur fond blanc suffisent pour mettre en valeur les représentations de la chouette harfang, de la mygale, du gorille, de la panthère des neiges, du zèbre, du béluga et de quelques autres…

Au premier abord, on peut ne voit qu’un animal. Si on s’attarde à regarder d’un peu plus près, on pourra repérer que des petits humains se sont invités auprès des animaux. Il n’y a pas de domination, juste un échange, un accompagnement mutuel entre éléments vivants.

C’est un bel album qui nous met sur un chemin de possible rencontre avec nous-même, avec notre part mystiquement animale. Quel passionnant voyage !

Le bateau de Monsieur Zouglouglou

Coline Promeyrat et Stefany Devaux

Didier Jeunesse

Valeur sûre !

De tous les contes randonnées rencontrés, il fait partie de mon top !

Presque dix ans que je travaille avec lui : je ne m’en lasse pas.

D’une coquille de noix Monsieur Zouglouglou fait un bateau. (Monsieur Zouglouglou, un délice à prononcer ! Souvent il est rebaptisé Mr Glouglouglou par les petits : j’adore !!)

Dans son bateau il chante. Son chant attire une souris, qui demande si elle peut le rejoindre pour la promenade. Monsieur Zouglouglou est ravi !

Ils auront ensuite la compagnie d’une rainette, puis un lapin et même un chat, même si pour ce dernier ils ont tous hésité. Devant le gros chagrin du chat, ils ont trouvé une solution mais il faut faire attention : le bateau n’est jamais qu’une coquille de noix. Et les compagnons de promenade sont de plus en plus gros. S’ils allaient chavirer ?  

Entre chaque compagnon qui rejoint le bateau, Monsieur Zouglouglou chante :

(libre à vous d’inventer votre musique, ou de suivre celle laissée par Coline Promeyrat à la fin du livre…)

Si la souris, la rainette, le lapin et le chat ont demandé pour aller sur l’eau, ce n’est pas le cas du dernier passager…qui fera tout chavirer ! Qui a osé ?

L’histoire finit toute mouillée !

Donc voilà ce simple petit conte randonnée ponctué de moments chantés.

Il est simple, progressif, cumulatif. La syntaxe est hyper adaptée aux jeunes enfants. D’ailleurs en général, leur participation vient spontanément au fil de l’histoire. L’intérêt de cette histoire c’est vraiment de la dire. Issu de la tradition orale, le conte randonnée trouve son intérêt dans l’implication du conteur qui entraînera l’adhésion et le plaisir de l’auditoire. Les phrases sont courtes et dynamiques, le rythme est régulier donc on s’y habitue très vite.

Coline Promeyrat nous offre une jolie histoire de rencontre, de tolérance et nous donne une petite leçon : ce qui est trop chargé finira par se renverser…et ce n’est pas toujours la faute du plus gros !

Le déroulé de l’histoire suit le cours de la rivière. Comme dans la vie, au fil de l’eau on fait des rencontres, il y a des surprises et des imprévus… Les ingrédients pour l’imagination sont là : une coquille devient bateau (tout est possible) et surtout : qui va-t-on rencontrer à la page suivante ?

Hop hop hop les parents, c’est le moment de fabriquer des petits bateaux avec les enfants ! Avec une vraie coquille de noix ou avec des découpes de papier et matières, pour reprendre l’esprit des illustrations de Stefany Devaux : vous avez l’embarras du choix !

Pour les tout petits enfants dès que les parents ont envie de raconter des histoires !

Les choses cassées d’Octavio

Agnès de Lestrade et Pascaline Mitaranga

Gautier Languereau

Trésor de bibliothèque, il était temps de parler de lui.

Tout est dans le titre ou presque. Octavio ne casse pas les choses, il les répare. Il est réparateur de tout.

Il est doué Octavio. La preuve c’est que les gens viennent le voir pour ses talents de réparateur : Annabelle et sa vie déchirée, Anatole et sa tête trouée, Nino le pêcheur et la mer démontée. Manivelle, marteau ou colle spéciale, il a  une solution à chaque problème.

Ou presque.

Madeline et son cœur troué poussent Octavio dans les retranchements de son établi à trois reprises. Un cœur qui souffre ne se répare pas avec les outils habituels. Octavio aurait pu s’avouer vaincu et laisser tomber, mais ce n’est pas le genre de la maison. Il retrouve dans son atelier quelque-chose que son papa lui a laissé : la boîte pour les cas désespérés…

Un peu de douceur pour un petit cœur et revoilà sur les joues de Madeline, des couleurs…

Donc on peut être le meilleur bricoleur du monde, quand il est question de sentiments rien de tel qu’un peu de temps, car il ne suffit pas de « resserrer » un boulon pour que Bim ça aille mieux. Octavio a essayé les recettes habituelles, ça n’a pas marché…Un peu de flexibilité, d’adaptation à l’autre et Hop, Bingo, Bravo !

Je fonds devant la subtilité des mots d’Agnès de Lestrade, qui nous montre qu’on peut pratiquement tout réparer, ça demande juste le bon doigté. Les illustrations de Pascaline Mitaranga sont tendrement bricoleuses, du genre qui redonnent le sourire un jour de pluie (trois tours de manivelle = sourire aux oreilles). Je ne sais qui aura eu l’idée de doter Octavio d’une poule de compagnie, mais on la suit dans son rôle d’assistante avec plaisir tout au long du livre.

Quand on a une blessure au cœur, est-ce que ça ira mieux si on reste seul ? Madeline vient demander de l’aide. Sûrement qu’elle se doute qu’elle n’y arrivera pas toute seule. C’est courageux d’admettre que ça ne va pas fort, et qu’on a besoin que l’aide vienne de l’autre. Preuve d’intelligence : savoir quand on a besoin d’aide…et oser en demander !

Voilà une petite histoire « qui-fait-du-bien », pour les histoires du soir, ou du matin !

A partir de trois ans.

Le cœur du rouge-gorge

Ale + Ale

Albin Michel Jeunesse

C’est le printemps. Rouge-gorge est amoureux de la belle et inaccessible Colombe. C’est d’ailleurs à cause (ou grâce à elle) que la gorge de l’oiseau aurait rougit…

Comment attirer l’attention de la belle ? En chantant peut-être ! Dommage, Rossignol est déjà dans la place. En lui déclamant un poème alors ! Dommage : Loriot est déjà en train de jouer cette carte…

Rossignol ne se décourage pas. Il essaye diverses approches : lui offrir un cadeau, une fleur, une invitation à dîner…mais à chaque fois son infortune est qu’il n’est pas le premier. Colombe est très courtisée. Tous les oiseaux essayent de ravir son cœur. Pauvre Rossignol. Comment rivaliser avec Pie, Grive, Merle ou Pic-Vert ? Rossignol voit son estime de lui bien mise à mal dans cette course à la séduction. Pourtant, pas question de renoncer et il décide :

Il se pourrait qu’il se fasse prêter par plusieurs oiseaux leurs attributs les plus impressionnants (qu’est-ce qu’on peut emprunter au paon ou au flamant rose, à votre avis ?). Le résultat est…déroutant…Parce qu’il en fait beaucoup, des tonnes même. Rouge-gorge est devenu un truc loin de lui-même : un oiseau hybride ! Cela aura-t-il l’effet escompté ? Humm pas vraiment. Pourtant il y aura très probablement un happy end…sûrement !

J’ai trouvé chouette de retrouver des oiseaux de nos jardins dans cet album. Même si je n’ai jamais vu de colombe dans la nature, les autres oiseaux rencontrés sont des familiers. Dans une période où la protection des oiseaux est une préoccupation de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, c’est sympa de les retrouver dans un album. Merci Ale + Ale (alias Alessandro Lecis et Alessandra Panzeri) pour cet album à la fois familier et dépaysant. (c’est une surprise de suivre Rossignol au pays des drapeaux de prières multicolores). On suit les pérégrinations de Rossignol au fil des saisons dans des pages paysages peintes, floutées, photographiées, ombrées, collées : le résultat est magnifique !

Rouge-gorge est persévérant. Il a aussi une estime de lui peu solide. En se comparant sans cesse aux autres, il perd de vue ses atouts et indéniables qualités. Il tombe dans le piège du faux-self, alias s’éloigner de ce qu’il est vraiment tout en étant persuadé que cela servira sa cause. Raté ! A trop s’éloigner de soi, on pourrait se perdre complètement. Arrêter de se comparer aux autres, avoir confiance en soi c’est un vaste programme. Il a de la chance Rossignol car c’est la vraie version de lui-même qui remporte l’adhésion de la belle colombe, pas la version hybride. Quelque-part, heureusement pour lui sinon, il y a fort à parier que la vie n’aurait pas été simple. Cela interroge sur nos propres masques et faux-self sociétaux : dans quelle mesure, à quelle fréquence nous nous éloignons de nous-même pour coller à une meilleure image – pour nous lisser – pour être aimé – pour rentrer dans les moules – de peur d’être ignoré, rejeté, non reconnu pour ce que nous sommes, en perdant de vue notre valeur ?  

Cet album m’interroge sur un dernier point. Rossignol apprend seulement à la fin qu’il vaut mieux rester soi-même car même si on ne lui avait pas dit, on l’avait repéré et estimé pour ce qu’il est. Sans les artifices en sus. Pourquoi attendre pour dire à autrui qu’on apprécie telle ou telle chose chez lui ? Pourquoi toute cette pudeur dans le fait de communiquer sur le positif ? Pourrait-on pratiquer la focalisation positive plus régulièrement, pour le bien-être de ceux qui nous entoure et pour le nôtre ?

Moralité, en amour comme dans les autres domaines de la vie, ne pas se décourager et avoir un chouïa confiance en soi !

A bon entendeur : lisez, rêvez et protégez les oiseaux !

Le voyage de Samy Bear

Bernard Villiot au texte

Pierre Charentus aux illustrations

Jean-Pierre Jolicard aux musiques

Cali pour la voix

Éditions Margot

Parce qu’un jour il faut se remettre à écrire. Parce que j’ai envie de partager à nouveau. Parce que, même si c’est difficile de remonter sa pendule personnelle, parce que c’est quand même possible, parce qu’il y a tant de belles histoires à partager, à découvrir…

Ce n’est pas un hasard qu’en cette période confinante où le temps n’a plus tout à fait le même goût qu’hier, je sois allée vers Samy Bear.

Cet album est plusieurs voyages.

Un voyage à la rencontre de soi.

Un voyage à la découverte du monde.

Un voyage musical.

Un voyage à la découverte du temps.

Un voyage à la découverte de l’autre.

Samy Bear a eu une enfance contrastée, entre les quolibets des enfants de l’école à son encontre et le soulagement retrouvé chaque soir dans l’atelier de Joshua le charpentier. Grâce à l’affection que ce dernier lui porte, Samy entreprend une construction : celle d’un bateau.

Qu’est-ce qui est plus précieux qu’un rêve d’enfant ? Samy a besoin d’un bateau pour aller rencontrer son rêve, rêve précieusement gardé au fond d’une poche…de quoi peut-il bien s’agir… ?

Dans la vie de Samy il y a aussi Mrs Brown, la « vieille femme à la peau noire ». Un peu avant de mourir (c’est ce qui arrive quand on est vieux) elle lui fait cadeau d’un banjo. Lorsqu’il lui demande « Tu m’apprendras ? », elle lui répond par une pirouette.

Ainsi la pluie sera son professeur, sa pire ennemie souvent car l’apprentissage de la musique est exigeant, cruel, frustrant. Pourtant la ténacité et le temps feront de la pluie et l’enfant deux amis.

Un jour le bateau est fini, prêt à partir. La vie est faite de départs : celui de Samy est arrivé. Avant de partir il compose au banjo une mélodie en souvenir de Mrs Brown.  Le résultat est tellement émouvant que le ciel se met à pleuvoir comme si toutes les larmes de chagrin du monde se déversaient en même temps. Rien de tel pour gonfler le cours d’eau d’à côté. Samy s’en va, seul avec une pie envoyée par le charpentier. Joshua a décliné son invitation : « C’est ton voyage (…). Bon vent mon garçon. ».

La vraie vie demande de partir avec juste soi. Indépendance, autonomie, tirer des enseignements des leçons parfois amères, âpres.

Ainsi commence le voyage au gré des flots. Quand l’eau commence à manquer, Samy joue le morceau de Mrs Brown pour faire pleurer le ciel et gonfler le fleuve. Un jour il fait une première rencontre : un petit homme au sommet d’un beffroi, qui s’étonne : Samy n’a rien pour se repérer dans le temps ! On ne peut pas vivre sans se préoccuper du temps, non d’un cadran ! Il fait choisir à Samy de quoi se repérer dans le temps : ce dernier choisit une pendule. Pour la remonter, trois tours de clef. Si Samy oublie de la remonter ou qu’il perd la clef, le temps simplement, s’arrêtera… 

Le voyage et le temps passent. L’insouciance s’évapore au fur et à mesure que le temps passe, confrontant Samy aux épreuves de la vie. La vie c’est pas toujours gentil. La vie ça fait peur. La vie ça fait mal. Un jour il rencontre un géant, dont le chagrin manque de le faire chavirer. La rencontre suivante c’est un enfant qui a pour mission de garder la forêt depuis le ciel. Héritage familial…

Samy poursuit. « Toujours droit devant » lui a dit Joshua.

Mon illustration préférée, sans aucun doute…Wow..quelle beauté !

Une fois encore le voyage marque une pause avec la rencontre d’une jeune femme artiste. Cette dernière demande à Samy si elle peut faire son portrait. N’y croyant d’abord pas, (moqueries de l’enfance, méchants fantômes) Samy accepte finalement. Chaque jour ils se retrouvent dans la clairière et ils parlent. L’artiste parcoure le monde dont elle veut tout voir et tout entendre. Elle ne connaît pas le banjo. Samy lui joue un morceau. Le lendemain et les jours suivant brilleront du vide laissé par le départ de la jeune femme.

Blessé à l’âme, Samy dépérit. Le Banjo reste silencieux, la pendule non remontée suspend le cours du temps. Le fleuve non nourrit s’assèche. Le bateau s’échoue. Le regard tourné vers le passé, Samy oublie. La pie essaye de le faire réagir à bien des reprises. En vain.

Combien de temps s’écoula ? Nul ne peut le dire.

Un jour pourtant, à la faveur d’un petit vent, le rêve d’enfant parvient à réveiller Samy de sa longue torpeur. Vous vous souvenez du rêve, gardé à l’abri dans sa poche ? Sur la feuille de papier, Samy reconnaît le nom d’un certain personnage qui ne veut pas grandir – rester enfant (vous avez deviné de qui il s’agit n’est-ce pas ? ), et la carte pour un certain Pays Imaginaire…

Vous pouvez choisir la manière dont vous abordez cette histoire. Personnellement j’ai choisi de lire d’abord le texte sans écouter le CD. J’ai créé ma propre musique, mon ambiance. Évidemment la problématique du harcèlement en entrée de jeu ne m’a pas laissée indifférente et a focalisé mon empathie sur Samy. Le silence m’a permis de plonger sans retenue dans les illustrations de Pierre Charentus. L’invitation à la contemplation était trop grande pour que j’y passe juste en survolant. L’histoire de Samy ne se déroule pas rapidement. La construction du bateau, apprendre à jouer du banjo, se laisser porter par les flots, soigné un cœur brisé, tout cela est progressif, évolutif (éloge de la lenteur ??). Les illustrations, avec leurs couleurs enveloppantes comme une couverture sur les épaules un soir de printemps, me donnent envie de m’asseoir et de regarder, plonger dans les paysages, me trouver une petite place sur le bateau avec Samy et voguer, et regarder encore…(contemplative que je suis). Place au mordoré, aux nuages orangés, au ciel rougeoyant, aux ombres bleues, à l’eau turquoise…

Et puis après m’être abîmée, noyée dans les images, je me suis décidée à écouter le CD. La première fois, je l’ai écouté….dix fois de suite. Je suis partie en transe sur la musique. Peut-être parce que mon côté danseuse folk et âme celtique a retrouvé dans les notes de Jean-Pierre Jolicard un je ne sais quoi de bluegrass, de balade irlandaise (hopla polka !!!). L’envie de soirée au coin du feu avec Miss Brown s’est mêlée à celle irrésistible de danser sur le morceau La Montgolfière (l’effet tin whistle et cuillères sans doute). Bravo banjo ! La voix de Cali, qui se fait conteur pour l’occasion, nous accompagne sur le chemin des mots de Bernard Villiot. Ces mots, dont la musique à elle seule suffit à ouvrir les porte du voyage.

On pourrait ouvrir la discussion à propos de « qu’est-ce que le temps ? ». La question est plus qu’en filigrane. Le temps météo – la pluie – la sécheresse ? Le temps qui passe – trop vite – pas assez vite – temps suspendu (O Temps ! Suspend ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours (…) .oups, digression, quelques mots d’un poème lointain étudié jadis…merci Lamartine), si vite qu’on en oublierait de vivre au présent.. ?

Pour faire un petit parallèle avec notre actualité un peu particulière : qu’est-ce que c’est deux, quatre, six, huit semaines dans une vie ?

On pourrait aussi discuter des choix qu’on fait pour soi, de quel itinéraire de navigation souhaite-t-on pour sa vie, de comment trouver à l’intérieur de soi ce petit truc, cette étincelle qui fait qu’on est nous et unique. Samy sait faire tomber la pluie et réjouir les oreilles avec son banjo. Le Géant découvre que son infortune peut être détournée pour aider les autres, l’enfant assume sa mission de gardien… Ceux qui ont permis à ce livre de voir le jour en ont une sacrée…étincelle ! Ne seraient-ils pas tous un peu Peter Pan..?

J’espère que cette présentation vous aura donné envie de rencontrer tout ce joli monde. Car c’est un fait, on rencontre beaucoup de gens quand on découvre cette histoire. Alors tellement merci Samy, Bernard Villiot, Pierre Charentus, Jean-Pierre Jolicard et ses musiciens, Cali et les éditions Margot et le banjo !

Et si vous avez envie d’en entendre un peu plus, les éditions Margot nous font un chouette cadeau…par ici :

http://editions-margot.com/parutions/le-voyage-de-samy-bear.html

Pour les amoureux des voyages, de la contemplation, de la musique, des mots…

Jamie adore Samy Bear…